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«Dans la situation actuelle, la téléconsultation est à privilégier» Mustapha Khiati. Président de la Fondation pour la promotion de la santé et du développement (Forem)
– Beaucoup de médecins ont pris l'initiative de publier leurs numéros de téléphone sur les différents réseaux sociaux afin d'éviter aux patients de se déplacer. Que pensez-vous de ces initiatives ? Je pense avoir été l'un des initiateurs des consultations à distance. Ce suivi tend aujourd'hui à se généraliser à la faveur de la pandémie du Covid-19. Un suivi de ce type sous-entend que les patients soient bien connus de leurs médecins, qui disposent d'un dossier médical et d'une fiche de suivi régulier. Les patients porteurs d'une pathologie chronique sont les premiers concernés, le but est qu'ils puissent respecter le confinement pour leur propre protection tout en ayant un suivi régulier. En cas d'aggravation de la maladie, le patient peut être soit dirigé vers un service spécialisé à l'hôpital, soit examiné par le médecin dans son cabinet, soit faire une exploration. Cette approche de la médecine va progressivement s'imposer à travers le monde, car elle caractérise la médecine de demain : les patients seront tous connectés (porteurs de dispositifs médicaux) et suivis à distance par leurs médecins. – Une prescription via téléconsultation est-elle réellement fiable ? Dans l'état actuel des choses, c'est mieux que rien, mais elle suppose d'abord une bonne connaissance du patient (dossier et fiche de suivi) et la présence de dispositifs connectés sur le patient qui renseignent le médecin à distance sur son état, comme une montre pouvant enregistrer le tracé électrique du cœur, la tension artérielle… Dans la situation actuelle, la téléconsultation est à privilégier d'abord pour éviter que les patients se rendent dans les hôpitaux, entraînant ainsi un afflux important de malades et augmentant le risque de contamination par le Covid-19, ensuite s'agissant de malades chroniques, donc plus sensibles aux infections, on leur évite des sorties inutiles. A travers ces téléconsultations, le médecin peut déceler une aggravation et décider si le patient doit être orienté vers un service spécialisé ou bénéficier d'une exploration supplémentaire. Dans de nombreux pays, la pandémie actuelle a imposé les téléconsultations comme seul mode pour pouvoir bénéficier d'un avis médical. – Beaucoup pointent du doigt le fait de partager sur les réseaux les médicaments prescrits aux patients atteints de coronavirus. Quel est votre avis ? Les infections virales ne bénéficient généralement pas d'un traitement spécifique mais uniquement d'un traitement d'appoint. La pandémie de Covid-19, en raison de sa gravité et de sa rapide extension, a suscité un grand débat à travers le monde sur les possibilités de traitement. La lueur d'espoir de voir un médicament capable de traiter cette infection a effectivement emballé les réseaux sociaux et explique la large place réservée aux différents traitements. Il faut préciser ici que c'est aussi grâce aux réseaux sociaux que le Pr Didier Raoult de Marseille a été écouté en haut lieu, car sa proposition de traiter les malades atteints de Covid-19 à l'hydroxychloroquine a été initialement raillée. Ce dernier a lui-même utilisé les réseaux sociaux pour défendre sa cause. Comme on le voit, les réseaux sociaux sont devenus une plateforme où chacun peut exposer son problème, il y aura toujours des internautes pour le soutenir. C'est un espace d'expression qui a montré son efficacité et qui vient de s'élargir aux discussions spécialisées. Néanmoins, mettre des noms de médicaments, leurs posologies et leurs effets secondaires fait partie de l'information du public. Il ne s'agit pas de prescrire des médicaments à un patient donné, car cela engage la responsabilité du praticien. Il ne faut donc pas confondre informer et prescrire.