Le groupe pétrolier BP a annoncé, hier matin, que son directeur général, Tony Hayward, a démissionné et sera remplacé par Robert Dudley, un Américain qui gère depuis le mois de juin la catastrophe de la marée noire du golfe du Mexique. C'est d'un commun accord que le départ de Tony Hayward a été décidé, selon un communiqué de BP rendu public hier matin. Le départ sera effectif à compter du 1er octobre prochain. Le président du conseil d'administration (CA), Carl-Henric Svanberg, aurait déclaré que le CA de BP était « profondément attristé de perdre un directeur général dont le succès pendant trois ans pour piloter la performance de l'entreprise a été si largement admiré et de manière si méritée ». Toutefois, Tony Hayward ne quitte pas BP, puisqu'il a été nommé au conseil d'administration de TNK-BP, une joint-venture de BP en Russie, qui a déjà été dirigée jusqu'en 2008 par Robert Dudley. Et ce, en plus des indemnités qu'il va recevoir (1,2 million d'euros). Si Tony Hayward est considéré comme un bouc émissaire dans cette affaire de la marée noire, il n'empêche que la bourde qu'il a commise au mois de juin a pesé dans la balance. En effet, au plus fort de la crise, il quitte les Etats-Unis d'où il dirigeait les opérations de lutte contre la marée noire pour aller assister à une régate sur l'île de Wight le 19 juin dernier. Cet épisode avait provoqué l'ire de la Maison-Blanche et il était clair que les jours de Tony Hayward à la tête de BP étaient comptés. C'est le secrétaire général de la Maison-Blanche, Rahm Emanuel, en personne, qui a déclaré : « Je pense que nous pouvons tous conclure que Tony Hayward ne commencera pas une seconde carrière dans le conseil en relations publiques. » L'ancien et le nouveau patron de BP ont pratiquement le même âge (53 ans et 54 ans).L'un est Britannique, Tony Hayward, et l'autre Américain, Robert Dudley. Le premier a fait sa carrière dans BP. Le deuxième est un ancien d'Amoco qui a rejoint BP après la fusion des deux sociétés en 1998. La fusion avait donné naissance à BP-Amoco avant que le conseil d'administration ne revienne à l'ancienne appellation BP. La nationalité du nouveau responsable de BP devrait jouer un grand rôle pour restaurer le prestige de BP, terni pas la catastrophe de la marée noire provoquée par l'explosion, le 20 avril dernier, de la plateforme pétrolière Deepwater Horizon dans le golfe du Mexique, à 70 km des côtes de l'Etat américain de Louisiane. C'est le point de vue de plusieurs observateurs qui considèrent que le choix d'un Américain devrait aider BP à remonter la pente aux Etats-Unis où elle dispose d'intérêts importants et d'où elle tire le tiers de son revenu. Le nouveau patron de BP a lancé un message lourd de sens en déclarant que le contenu de ce message est contenu dans une déclaration du représentant démocrate Bart Stupak, président de la commission de l'énergie et du commerce de la Chambre des représentants qui réagissait à la nomination de Robert Dudley. « La recherche de profits record ne peut plus se faire au détriment des dépenses de maintenance des infrastructures, en ignorant les bonnes pratiques recommandées par l'industrie et en faisant fi de la vie et du bien-être des travailleurs », a indiqué le représentant démocrate en appelant BP à changer radicalement de comportement. A cette occasion, le groupe BP a annoncé une perte de 16,9 milliards de dollars au deuxième trimestre, une perte considérée comme la plus importante de l'histoire des entreprises britanniques. Ces pertes sont liées à la catastrophe de la marée noire et sont dues aux provisions constituées pour faire face au coût de la marée noire. BP aurait mis de côté 32,192 milliards de dollars, une somme qui englobe le séquestre de 20 milliards de dollars. Une somme qui doit être mobilisée pour les dédommagements et le nettoyage du golfe du Mexique. BP a déjà commencé à vendre des actifs.