Téhéran a condamné hier les nouvelles sanctions adoptées par l'Union européenne (UE), estimant qu'elles compliqueraient les discussions sur le dossier nucléaire, mais le président Mahmoud Ahmadinejad a assuré que l'Iran reprendrait ce dialogue en septembre. L'UE a adopté hier des sanctions d'une ampleur sans précédent contre l'Iran et son secteur énergétique pour pousser Téhéran à reprendre les négociations sur son programme nucléaire controversé. La République islamique a dit regretter et condamner ces nouvelles sanctions « qui n'aident pas à faire avancer les discussions (sur le nucléaire) et n'affectent pas la détermination de l'Iran à défendre son droit légitime à poursuivre son programme pacifique ». « Alors que l'Iran a toujours insisté sur la coopération et l'entente (sur ce programme), la décision de l'UE va compliquer les choses », a encore estimé le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Ramin Mehmanparast, cité par l'agence officielle Irna. Dans une interview lundi soir à la chaîne américaine CBS, M. Ahmadinejad a lui qualifié de « ridicules » les « politiques des Européens et des Américains ». « Ils pensent qu'ils vont influer sur la vie de la société iranienne. En réalité, ils s'imposent des sanctions à eux-mêmes (...). L'Iran est une grande nation avec un grand peuple. Nous disposons de ressources nombreuses et en quantité et il est très aisé pour nous de surmonter de vieux problèmes », a ajouté le président iranien. La décision européenne a été finalisée lundi lors d'une réunion des ministres des Affaires étrangères à Bruxelles. Les sanctions de l'UE interdisent depuis hier tout nouvel investissement, assistance technique ou transferts de technologies à l'Iran, notamment pour le raffinage du brut et la liquéfaction de gaz. En outre, le secteur iranien du transport de fret, par mer ou par air sera durement frappé, les contrôles dans les ports européens ou en haute mer seront renforcés. Dans la foulée de l'UE, le Canada a annoncé des mesures d'une portée similaire. Les Etats-Unis et l'Australie avaient précédé Bruxelles et Ottawa. L'Occident soupçonne l'Iran de chercher à se doter de l'arme nucléaire sous couvert de programme civil, ce que Téhéran dément. L'Iran plie mais ne rompt pas Dans un communiqué, la Russie, dont les relations avec la République islamique se sont pourtant nettement rafraîchies, a jugé « inacceptables » les sanctions adoptées hors du cadre de l'ONU. Le 9 juin, les Nations unies avaient adopté un quatrième train de sanctions contre l'Iran. En représailles, à la fin du même mois, Mahmoud Ahmadinejad avait annoncé un gel de deux mois des pourparlers avec le groupe 5+1 (Allemagne, Chine, Etats-Unis, France, Grande-Bretagne et Russie). Mais, malgré les derniers développements, le président iranien a affirmé que son pays reprendrait en septembre les négociations avec les grandes puissances. « L'Iran reprendra les discussions sur le nucléaire avec l'Occident en septembre », a déclaré M. Ahmadinejad lors d'une interview accordée lundi soir à la chaîne iranienne en anglais Press-TV. Il a toutefois noté que l'Iran voulait « une participation de la Turquie et du Brésil ». Lundi, Téhéran a transmis une réponse aux interrogations du groupe de Vienne (Etats-Unis, Russie, France) concernant la proposition d'échange de combustible nucléaire faite en mai par l'Iran aux côtés du Brésil et de la Turquie. Cette offre avait été jugée à l'époque insuffisante par les grandes puissances. A Istanbul, où il se trouvait dimanche, le chef de la diplomatie, Manouchehr Mottaki, a annoncé que son pays était prêt à entamer immédiatement des négociations avec les Occidentaux sur le sujet.