Les sociétés de gardiennage à Hassi Messaoud dayrine rayhoum, elles font la loi ! » martèle Hocine. Cet ancien agent de sécurité dans le Sud sait de quoi il parle, lui qui a passé 5 ans comme agent de prévention et de sécurité avant de passer superviseur dans une société privée de gardiennage, qui avait des marchés auprès de certaines multinationales dans la « principauté pétrolière » de Hassi-Messaoud. « 90% des travailleurs qui étaient avec moi dans cette société n'étaient pas assurés », affirme Hocine. « Nous étions exploités 12 heures par jour pour un salaire de misère. Alors que l'agent de sécurité était facturé à une société étrangère 120 000 DA par " tête " - puisque nous étions traités comme du bétail -,l'entreprise de gardiennage nous versait des clopinettes. Nous étions payés 15 000 DA sans prime aucune. Nous devions payer de notre poche la restauration, l'hébergement, tout. Le salaire nous était remis dans des enveloppes », témoigne Hocine, avant d'ajouter : « Au début, je n'avais même pas de fiche de paie. Et pour ce qui est du contrat, nous n'avions que des contrats bidon de courte durée. » Notre ex-agent de gardiennage précisera que la société dans laquelle il travaillait était dirigée par un commissaire divisionnaire qui était associé à un ancien wali. « Notre société escortait les expatriés vers les chantiers. Le plus humiliant, c'était quand on montait la garde la nuit pendant qu'ils faisaient la fête dans le faste de leur résidence alors que nous, nous végétions dans des conditions misérables. On dormait dans une baraque pourrie qu'on avait louée avec nos maigres sous, entassés comme des moutons. » Quid de la formation ? Hocine est catégorique : « Quelle formation ? Je n'ai même pas passé mon service militaire. J'ai appris sur le tas à utiliser mon arme, un pistolet Makarov, avec l'aide d'un collègue. » Et de faire remarquer que « les recrutements se faisaient n'importe comment. Parfois, ils prenaient le premier venu, dans la rue, lui faisaient endosser la tenue et la cause était entendue. C'est pour qu'ils n'ouvrent pas leur gueule. Tout cela parce que nous n'avions pas de syndicat. Même l'inspection du travail fermait les yeux sur ces dépassements. C'est pourtant de l'esclavage. Ces esclavagistes écopaient d'une petite amende et l'affaire était classée. Et c'est comme ça que Hassi Messaoud est devenue une zone de non-droit. »