À défaut d'une compétition internationale digne de ce nom, le Nadi chaâbi foursane Annaba s'est contenté d'une petite épreuve régionale de deux jours - les 23 et 24 juillet derniers Ce sont les conséquences d'une situation plus que déplorable dans laquelle patauge, depuis plusieurs années, cette association sportive équestre ou club hippique, comme aiment l'appeler les Annabis. La décadence est telle que le club ne peut pas assurer, hormis l'eau et l'abri, les besoins des chevaux de ses invités venus de Constantine, Aïn Defla et Skikda. Ce club a, depuis des années, perdu de son aura pour se transformer en purgatoire des chevaux de race maghrébine, notamment le Barbe. Selon Mechouk Hacène, le président de l'association Nadi chaâbi foursane Annaba, « excepté les 8 chevaux qui ont leur propriétaire, les 24 chevaux du club sont pratiquement abandonnés par le manque de moyens, telles l'alimentation et les soins vétérinaires. Aussi affligeant que cela puisse paraître, nos chevaux meurent de faim. ». Ce sont pratiquement les mêmes doléances qu'il avait signalées depuis le début de l'année dans ces mêmes colonnes. Le même avis émane également des propriétaires de chevaux, qui ont tenu à souligner la situation catastrophique du club hippique de Annaba : « A moins d'une réaction énergique des responsables locaux, notamment le directeur des Domaines de la wilaya de Annaba, nous allons vers une catastrophe. Le club n'a plus les moyens financiers pour entretenir les chevaux, propriété du Nadi chaâbi foursane Annaba. Ce dernier est livré à lui-même. Les bêtes ne mangent plus à leur faim, et sont mal entretenues, elles dépérissent. » A l'état de santé précaire des Barbes, s'ajoute la saleté qui couvre la robe des chevaux montés par des jeunes filles et garçons lors des séances d'entraînement. Ce club hippique se meurt réellement et ses infrastructures s'effondrent l'une après l'autre. En mai dernier, le ministre de la Jeunesse et des Sports avait rendu visite à ce club et s'était entretenu longuement avec les moniteurs, notamment sur la situation domaniale de cette infrastructure qui est gérée par l'APC de Annaba. Selon le président de l'association, le ministre avait ordonné à la direction des Domaines de passer la concession à la direction de la jeunesse et des sports pour que cette dernière délègue ses pouvoirs de gestion au club hippique. Depuis, rien n'a été fait. A qui pourrait-on confier la mission de sauver le club hippique et les 32 Barbes qui représentent l'une des identités nationales ? Seul, le wali pourrait intervenir pour sauver ce club de la mort. Chevauchée pas fantastique En effet, amateur d'équitation, Mohamed El Ghazi, alors wali de Constantine, avait été confronté à une situation similaire. Selon nos informations, il avait affecté le club hippique de cette wilaya à la direction de la jeunesse et des sports (DJS), dont la gestion avait été confiée à l'époque à l'association éponyme. « Ce qui est faisable pour le club de Annaba, à condition que le directeur des Domaines, sous l'impulsion du wali, accélère l'application des recommandations du ministre », plaide le président de cette association. A voir l'état de santé de la vingtaine de demi-sangs trottant sous le regard de plusieurs centaines de spectateurs, on est tentés de croire que la famine s'est installée dans le haras. Les pas, trots ou galops semblent chancelants sur la terre qu'empruntent les cavaliers à l'allure blasée sous l'œil impuissant du président de l'association et les moniteurs. Côté écuries, la présence de quelques bottes de foin confirme la situation de dèche financière à laquelle sont confrontés les gestionnaires. Jusqu'à la fin des années 1990, le club hippique faisait parler de lui grâce à des manifestations équestres et à ses participations à des compétitions régionales et nationales. Les adeptes de ce sport parlent avec une certaine nostalgie de cette époque où l'entreprise Sider assurait la survie du club hippique et de ses chevaux. Aujourd'hui, on se désiste de l'organisation des compétitions nationales et même internationales telles que celle annulée le 4 décembre 2009, portant sur un concours international jeune sous l'égide de la Fédération internationale des sports équestres. L'organisation de la coupe d'Algérie, prévue pour les 12 et 13 mars dernier, confiée au club hippique a été également annulée. On se limite aujourd'hui à une petite épreuve régionale, assurée par une dizaine de chevaux pour assurer un semblant d'activité équestre en attendant des jours meilleurs, qui tardent vraiment à venir.