Un événement sans précédent est vécu en Suède, peut-être sans le vouloir, par une artiste peintre franco-algérienne, Louzla Darabi. Elle est l'auteur d'un tableau intitulé Scène d'amour qui présente, pas de manière réaliste, mais néanmoins assez figurative, une scène érotique. Jusque-là, tout va bien sauf que, en haut de la toile (150 X 200 cm), l'artiste a adjoint une inscription arabe évoquant un verset du Coran. C'est cette association qui a fait réagir la communauté musulmane et contraint le Museum of the World Culture (Göterborg) à ôter de l'exposition cette œuvre indésirable pour la remplacer par d'autres toiles de Louzla, toutes aussi « provocantes », si on peut se permettre l'expression, mais sans référence à la religion. Ces informations sont extraites de la version anglaise d'un article diffusé sur le site Internet d'une chaîne de télévision suédoise tv4. Ce tableau a été pourtant réalisé en 2003, et il a été seulement prêté par sa galerie berlinoise, Peter Herrmann, à un musée suédois qui voulait organiser une expo sur le sida. Sur le site Internet de cette galerie allemande, sont d'ailleurs toujours « exposés » les deux autres tableaux de la même série, Scène d'amour 2 et 3, mais aussi et plusieurs autres, travaux d'une série intitulée « Gouaches érotiques ». Quoi qu'il en soi, les médias européens se sont saisi de l'affaire, créant une nouvelle polémique. Louzla Darabi a été invitée récemment à participer à un débat portant sur le lien, mais aussi les limites de l'art vis-à-vis de la religion. Elle se défend cependant d'avoir délibérément voulu choquer un public et soutient que l'art est avant tout une expression du moi profond de l'artiste. Dans un texte rédigé par ses soins et dont devait se servir les journalistes suédois et, par extension, européens, elle a soutenu l'idée selon laquelle, c'est le vécu de sa mère et de ses tantes issues d'un milieu traditionnel qui l'ont inspirée. Pour elle, « l'acte d'amour est un moyen d'atteindre la spiritualité. » Les gens qui ont réagi, car se sentant offensés ne l'entendent pas de cette oreille, sachant déjà que, historiquement, l'image et l'Islam ne font souvent pas bon ménage. Jeudi dernier, elle devai être interviewée par des chaînes de télévision européennes dont la BBC. La communauté musulmane compterait près de 400 000 personnes, selon les informations diffusées par plusieurs agences de presse qui attestent également que la direction du musée de Göteborg (sud de la Suède) a été destinataire de plusieurs centaines de lettres ou e-mails de protestations. Autour de la polémique, une réputation est peut-être en train de se faire. Cela rappelle des antécédents mettant en scène autant de musulmans que de chrétiens qui s'opposent fermement à l'implication du fait religieux dans les affaires de l'amour. Le débat est rouvert pour comprendre pourquoi de telles images « artistiques » (ont inclu des œuvres cinématographiques contestées en Europe et aux USA) sont plus offensantes que les images de décapitation diffusées sur Internet et qui, elles, sont bien réelles.