Lantri Elfoul, universitaire à la retraite, appartient à l'une des plus vieilles familles de Miliana. C'est pourquoi à travers ce livre, il a voulu retracer l'histoire de la ville qui l'a vu grandir. L'ouvrage, dédié « à Miliza et aux milianais(es) », a été publié avec le concours du ministère de la Culture. Je rêve que l'enfance m'est rendue, et je secoue ma tête grise. Quoi, vous me hantez encore, images que je croyais depuis longtemps oubliées ? ». A.von Chamisso. Cette citation, figurant en préambule, résume parfaitement la démarche de l'auteur. Illustré par des photographies relativement anciennes, l'ouvrage permet une découverte historique de Miliana. En noir et blanc ou en couleurs, ces photos expriment l'amour de Lantri Elfoul pour sa ville d'origine. Au gré des pages, on se familiarise avec l'architecture (mosquée, maison de l'Emir Abdelkader transformée en musée), les paysages (forêt de cèdres de Teniet el Had, El Anasser, vue de la pointe des blagueurs…), les spécialités (cerises, kaki, broderie, musique chaâbi…), les jardins ou encore les personnages célèbres comme l'Emir Abdelkader (au milieu du XIXe siècle Miliana était l'une de ses capitales). L'image revêt donc une importance centrale dans ce livre. « Miliana a été, pendant un millénaire, par son rôle militaire, politique, économique et culturel, une des capitales régionales importantes de l'Algérie ». Sid Ahmed ben Youcef repose à Miliana et en a fait, depuis le XVIe siècle un des hauts lieux spirituels du Maghreb. Aujourd'hui, la ville de Miliana rayonne en effet par la présence du tombeau de cette grande figure mystique, tombeau devenu un grand lieu de pèlerinage, « drainant, le long des saisons, au rythme des fêtes religieuses, des flots de visiteurs venus d'Alger, de l'Oranie et du Maroc ». Au début du XXe siècle, la ville de Miliana, malgré la colonisation, avait réussit à préserver sa culture, son art de vivre. Depuis la seconde moitié du XXe, ce site d'exception perd peu à peu des morceaux de son patrimoine, bien que des tentatives aient été faites pour sa préservation (rénovation du musée de l'Emir). L'auteur prend donc son rôle comme étant celui d'un témoin. Par ce voyage dans l'histoire de sa ville, c'est une bien plus grande histoire qu'il nous conte ici. « Toutes les fleurs de l'avenir sont dans les semences d'aujourd'hui » (proverbe chinois). Cela pour dire l'importance de la mémoire pour pouvoir se construire un futur.