Le styliste Karim Kadid a dévoilé, mardi dernier, à l'hôtel Saint George d'Alger, sa dernière collection de haute couture. Une collection qui s'est distinguée par un raffinement et une richesse au niveau de certaines broderies datant de plus de trois siécles. C'est devant un public sélectif que le couturier a levé le voile sur ces dernières créations vestimentaires. Un défilé de mode, dédié à son regretté grand-père qui était lui-même un réputé brodeur de burnous à Miliana. Comme à son accoutumée, Karim Kadid a subjugué plus d'un devant la quarantaine de modèles présentés. Fière de sa ville natale, à savoir Miliana, il a décliné toute une gamme de broderies raffinées et précieuses, axées sur la précision. Retour aux sources et aux traditions. En ce mois du patrimoine, le défilé en question a été étrenné par une première partie intitulée le « souk de la femme algéroise ». Une série de haiks en « m'rama » ou encore en « sousdi » qui faisaient jadis la fierté des Algéroises ont été exhumés au goût du jour. Suivra une collection d'anciens karakous, datant de plus de trois siécles, portés sur des pantalons bouffants et sur des jupes en mousseline. Les longs foulard à franges, dites « ftoul » et les colliers anciens n'ont pas été omis. La deuxième partie du défilé a comporté une série de caftans se distinguant par une originalité dans les broderies. Certains caftans étaient cousus de la célèbre broderie d'Alger. D'autres étaient sertis de pierres semi précieuses. Karim Kadid a laissé libre cours à une imagination débordante où le cachet citadin l'a emporté. La troisième partie du défilé a été axée sur une sélection de robes de soirées aux découpes innovantes, aux tissus soyeux et aux adjonctions de tons. Le bouquet final s'est soldé par l'incoutournable robe de mariée drapée de flammes, à l'effigie de l'un des sponsors de la soirée, à savoir la boisson énergique Brune. Il est à noter que Karim Kedid cumule une quinzaine d'années d'expérience. Il est issue d'une famille du métier. Après une formation de deux ans en dessin de bâtiment, Karim décide de changer de filière. Il ouvre une modeste boutique à Miliana. Très vite, Karim décide de suivre un cursus dans un centre de formation professionnel agréé. Après un stage de 18 mois, il ressort avec un diplôme en prêt-à-porter. Professionnalisme oblige, il transite, durant trois années, dans une école privée de stylisme. Par la suite, le styliste enchaînera défilé sur défilé. Sa plus grande fierté est sans conteste l'ouverture d'une école spécialisée dans la broderie à Méliana en 2002. Après la fermeture de la célèbre école de broderie dans sa ville, il fut dans l'obligation de sauvegarder ce patrimoine inestimable. Il a ainsi récupéré l'ensemble des ouvrières. L'école en question est spécialisée dans la broderie main, dans la reproduction et la restauration des vieilles pièces. Se considérant comme un styliste de haute couture, Karim estime que la broderie n'a fait que compléter son savoir-faire. Après avoir découvert les arcanes de la mode et de la publicité, Karim compte bien se faire un nom dans le cinéma. Il veut personnaliser l'image de l'Algérie à travers la richesse de ses costumes. « Je voudrais coudre et faire du sur-mesure pour les comédiens ». Il compte ouvrir prochainement à Alger une maison de haute couture portant son nom. Pour ceux qui n'ont pas eu le privilège d'assister à la soirée de mardi dernier, le même défilé sera reconduit la semaine prochaine au théâtre de verdure Laâdi Flici.
