Samedi 17 juillet. La journée est très chaude. Nous quittons la ville de Béjaïa en empruntant la RN 9, qui mène vers Sétif. Après 40 minutes d'une circulation pas très fluide, nous abordons la dernière ligne droite de l'agglomération de Darguina, et nous virons tout de suite à droite. Près de 500 mètres plus haut, nous arrivons à bon port. L'une des plus belles merveilles que compte l'Algérie : l'eau qui dévale ici, est celle de la cascade de Kefrida. Un très long jet d'eau se projette du haut de la roche. Les lieux sont pris d'assaut par les visiteurs venus admirer un spectacle impressionnant : L'eau coule de source, régénère et se projette du haut de 44 mètres sur un petit bassin façonné par les roches. De là prend naissance un ruisseau qui serpente entre les pierres. Tout autour de cet amas de roches brisées dominent des plantes lacustres : roseau, fougère et surtout el araâr, (excellente plante médicinale). « C'est agréable », déclare, subjugué, un père de famille venu de M'sila. La suavité de la végétation sauvage et la fraîcheur des pierres confèrent à ces lieux une fragrance exotique. L'eau chute verticalement depuis l'interruption du flot d'un cours d'eau par un dénivelé. Un flux se précipite dans le vide avec un bruit retentissant et des projections d'eau et d'embruns. « C'est la première fois que je viens à cet endroit. Je suis ici en vacances à Béjaïa. On m'a conseillé de venir voir ces cascades. Je trouve que ce site mérite bien sa bonne réputation », lâche Mohamed, quinquagénaire venu de Laghouat. Cette chute provient d'une géologie qui a apporté des dénivelés très marqués et qui croisent le flot d'une rivière. Les eaux ont creusé un cours profond, aux flancs pratiquement verticaux. Certains adolescents s'aventurent à escalader le haut lit de la chute. Affluence de visiteurs Dans cette zone tempérée, la chute est plus impressionnante au printemps, quand le flot des eaux est alimenté par la fonte des neiges. Bien qu'elle ne soit pas particulièrement haute, ni très large d'ailleurs, la chute de Kefrida est renommée pour sa beauté. Cette merveille naturelle est un haut-lieu du tourisme, dont tire profit la petite et très modeste commune de Taskeryouts. En été, l'afflux des visiteurs est impressionnant. On y vient pour admirer le spectacle de la cascade. La chute peut être admirée en contrebas, en empruntant des sentiers de randonnées. Des sentiers qui y mènent par des escaliers de pierres aménagés par Dame nature. Les marches descendent jusqu'à un point situé sous les chutes. Les flots proviennent des monts Igoulalen, Isensag, Taberyets et Agni Sidi Djaber. Ces flots empruntent alors un exutoire passant par un escarpement de regard qu'ils érodent en gorges. La partie inférieure de l'escarpement est composée de roches montagneuses. Son dénivelé représente environ le tiers supérieur de la hauteur de la chute. Cette couche s'érodant plus rapidement, la rivière a contourné de part et d'autre l'éminence rocheuse dure, qu'elle a creusée. Submergée sous la rivière, dans la vallée inférieure, à l'abri des regards, se situe la formation de composés de schistes et de grès fins. A l'origine, les habitants de cette région se prénomment les Aït Idris, une tribu kabyle. « Contrairement à beaucoup d'autres cascades dont le nom est généralement tiré d'une légende, le mot ''Kefrida'' est d'origine romaine, qui veut dire fontaine fraîche. C'est le nom d'un village éponyme perché sur le mont d'Igoulalen », explique un fonctionnaire de l'APC de Taskryouts. Les sentiers escarpés offrent également des circuits tout autour du site offrant une vue sur la chute. Mais d'aucuns estiment que ce site gagnerait beaucoup avec l'aménagement d'un téléphérique qui permettrait aux visiteurs d'avoir une vue aérienne du tourbillon de la chute. Le bruit des eaux se mêle aux incessants clic-clacs des appareils photos. Ici tout le monde ou presque en est muni. Un jeune prend la pose avec un paon et se fait volontiers « mitraillé » par les flashes d'un photographe. Préserver ce site Histoire d'immortaliser ce moment privilégié. Les petits métiers pullulent. Et on se débrouille comme on peut. Un jeune vous proposera de vous apposer un tatouage sur votre bras moyennant 50 DA. Une galerie de boutiques d'objets traditionnels et de souvenirs serpente les lieux donnant accès à la cascade. Ça marche ? « Oui, ça va hamdoulah », dit un jeune artiste tout absorbé par son sujet : apposer un écriteau « Souvenir de Béjaïa, cascade de kefrida » sur un coffre à bijoux, qu'il vient de vendre à une cliente. De part et d'autre, des restaurants et des cafés pullulent tels des champignons. Naouel, trouve que « l'air est pur et l'eau est fraîche », mais la jeune femme relève deux bémols : « Le site est exigu. Nous avons eu du mal à trouver une place pour s'asseoir à l'ombre. » Aussi, donne-t-elle une mauvaise note pour l'hygiène. « ssLe lieu est magnifique et hamdoulah, il est préservé et épargné du béton », dit Belkacem, étudiant à Ouargla, venu en famille. La préservation de ce site est, en effet, un grand défi écologique.