Après un passage à la salle El Mougar d'Alger, le groupe de hip-hop américain FEW Collective s'est produit vendredi dernier au conservatoire Ahmed Wahbi d'Oran, le temps d'une prestation concoctée localement avec les rappeurs du groupe Tox, l'un des pionniers à Oran, et les danseurs du Bahia Break Crew. Venus en Algérie dans un cadre d'échanges et pour animer des master classes, les FEW Collective, originaires de Chicago, ont été présentés par Randolph Lawrence, conseiller aux affaires publiques à l'ambassade des Etats-Unis à Alger qui en a expliqué les motivations dans le cadre des relations d'amitié entre les peuples américain et algérien. Quoi de mieux que l'art pour consolider les relations, et la symbiose a été en effet totale avec les danseurs américains chez qui les Algériens, qui adoptent un style plutôt polissé, découvrirent les dernières figures de style, très athlétiques, et les Américains qui s'initient aux rythmes locaux dont le gnawi mixés à l'occasion par les DJ. Les « chants » des rappeurs ne traduisent sans doute pas les mêmes préoccupations dans la forme, mais des ponts sont jetés de part et d'autre et l'échange a été agréable. Hésitants au début, les spectateurs ont fini peu à peu par entrer dans l'ambiance. Elle était à son comble lorsqu'on a dû annoncer la fin du spectacle qui semblait avoir été trop court. La « compétition » amicale qui caractérise ce genre de danses urbaines nées dans la rue et les performances des artistes qui se sont surpassés a été appréciée à sa juste valeur par un public qui en redemandait. Le rap qui a pris une certaine ampleur en Algérie, et à Oran en particulier, au milieu des années 90, s'est quelque peu essoufflé, mais des initiatives se sont néanmoins maintenues, comme l'atteste le dernier produit de Malik du groupe Tox, intitulé Fada Vex (Ramz El Maktoub). Un album de 17 titres où il est question, entre autres, d'exorcisation du mal-être de la jeunesse. Le spectacle du conservatoire a été préparé dans une durée n'excédant pas une dizaine de jours. Le résultat était intéressant et les artistes américains ont exprimé leur satisfaction d'être en Algérie et de travailler avec des artistes locaux.