Le Mouloudia d'Alger, et bien que ses responsables et employés (joueurs et staffs) soient beaucoup plus attentifs au sort qui sera donné pour la suite de l'exercice 2019/2020, où le club est toujours en course pour le titre en championnat, un sacre qui le fuit depuis maintenant une décennie, ne manque pas de se projeter dans l'avenir et plus particulièrement la nouvelle saison 2020/2021. Un futur proche qui n'est pas pour rassurer en raison des données qui entourent l'avenir du club et aussi des décisions prises par le propriétaire du Doyen, à savoir la firme pétrolière Sonatrach, et la nouvelle direction nommée à la fin de l'année dernière sous la conduite de Abdenacer Almas, et l'attitude que veulent adopter les joueurs, notamment les cadres en fin de contrat face aux nouvelles directives. On avait, à ce titre, évoqué sur les colonnes d'El Watan la saignée dans l'effectif qui menace le club algérois, puisque plusieurs joueurs-cadres avaient annoncé leur intention de changer d'air, arguant pour la plupart leur souhait de donner une autre dimension à leur carrière, en visant notamment à s'exporter à l'étranger, plus particulièrement dans les pays des pétrodollars, c'est-à-dire les pays du Golfe. Hachoud, Derrardja, Nekkache, en passant par Bourdim qui parle d'offres venues de France, alors qu'il est aussi convoité en Algérie, en passant par les éléments toujours sous contrat, mais qui veulent partir, à l'image du portier Chaâl et de Djabou, tous ont affiché publiquement leur souhait de changer d'air cet été. Néanmoins, il faut savoir que les véritables raisons du souhait de ces cadres de quitter le Mouloudia est loin de se résumer aux ambitions de professionnalisme affichées par ces derniers. CRISE FINANCIÈRE, TENSIONS INTERNES… Les raisons qui menacent un sérieux exode des joueurs du Mouloudia de ses rangs, avec une saignée qui se profile à l'horizon sont tout autres. A commencer par la mésaventure vécue en milieu de la phase aller du championnat par l'équipe, consécutive aux bras de fer multiples en interne au sein de l'ancienne direction (Betrouni-Sekhri, ndlr), et celui ayant opposé l'ex-directeur sportif, Fouad Sekhri, à l'entraîneur français Bernard Casoni, que la plupart des cadres ont soutenu. Une mésaventure qui a laissé des séquelles, puisque c'est depuis que plusieurs joueurs ont commencé à songer sérieusement à aller ailleurs. La venue de la nouvelle direction sous la conduite d'Almas, qui avait dans un premier temps apaisé les tensions, a fini par les raviver en raison de la nouvelle politique du club, édictée par le propriétaire, Sonatrach. Dépensant des milliards depuis sa reprise du club, avec une moyenne de 100 milliards de centimes par année, avec notamment des transferts faramineux et des salaires exorbitants, sans réelle compensation, puisque aucun titre de championnat n'a été décroché pour autant. Mais frappée aussi par la crise financière mondiale, consécutive à la pandémie de coronavirus qui a fait chuter brutalement et sensiblement le prix du pétrole, la compagnie pétrolière a décidé donc de restreindre son budget à allouer au club, d'annuler le budget spécial accordé auparavant spécifiquement pour le recrutement estival et surtout réduire considérablement la masse salariale qui consomme le gros du budget du Mouloudia. Conséquence, ou plutôt des décisions ont été prises dans ce sens, avec la direction du club qui a annoncé la fin de la politique des stars, préférant puiser dans le réservoir du club et des divisions inférieures, tout en plafonnant les salaires à 200 millions de centimes. Et quand on sait que la plupart des cadres en fin de contrat touchent 300 millions et même plus mensuellement, on comprend l'attitude de ces derniers à vouloir voir ailleurs, pour ne pas bousculer leur train de vie. Une baisse des salaires qui touchera tous les éléments, même ceux qui sont toujours sous contrat, et dont le salaire est au dessus des 200 millions. Mais ce n'est pas là la seule raison. Déjà bien avant cette crise financière et sanitaire, les joueurs n'ont pas cessé d'interpeller la direction sur leurs arriérés de salaires impayés. On se souvient de l'épisode du mois d'octobre, où staff (Bernard Casoni) et joueurs avaient même menacé de recourir à la grève. Une régularisation qui n'a pas encore vu le jour, puisque les joueurs attendent toujours les salaires des mois de janvier et février, en attendant de négocier à la baisse ceux de mars et avril, en raison de l'arrêt des entraînements et de la compétition. Ce sont là les multiples et diverses raisons d'une saignée qui se profile à l'horizon, et qui semble visiblement inévitable, et qu'il sera difficile à la direction de Abdenacer Almas d'y faire face, sauf si le propriétaire du club, Sonatrach décide de surseoir à la nouvelle politique préconisée pour la gestion du Mouloudia d'Alger.