Les vingt années de prédation et de gestion catastrophique de Bouteflika n'ont pas encore révélé toute l'étendue du sinistre subi par l'Etat algérien. Des milliards de dollars ont été dilapidés au profit d'oligarques et hommes politiques de premier plan. Le formidable soulèvement pacifique des citoyens du 22 Février 2019, le hirak, a contrarié leur plan et ils se retrouvent pour la plupart en prison ou en fuite à l'étranger. Ouyahia, Sellal et plusieurs ministres se sont crus intouchables et s'en sont donc mis plein les poches à travers des pots-de-vin obtenus grâce à des contrats surévalués et d'indus avantages financiers. Un clientélisme appliqué au grand jour au détriment des intérêts de l'Etat et au grand dam de la majorité des opérateurs économiques publics et privés exclus de facto des principaux marchés. L'opinion publique nationale attend avec impatience leur comparution devant les juges et de connaître dans le détail les mécanismes mis en place pour la mise à sac des finances de l'Etat. Le «virus» de la corruption inoculé par le régime de Bouteflika a fini par gangrener l'économie nationale. L'arrestation récente du directeur général de la Pharmacie centrale des hôpitaux (PCH) et de trois de ses cadres pour «conclusion de marchés contraire à la législation» illustre parfaitement tout le mal causé au pays. Ce cas précis est édifiant, tant il intervient dans une période douloureuse où les Algériens sont confrontés à une pandémie mortelle, la Covid-19. Comment un cadre à un tel niveau de responsabilité a pu songer à s'enrichir en profitant d'une conjoncture de crise sanitaire où des milliers de vies sont en péril ? Malgré les conclusions de l'enquête accablantes, seule la justice est habilitée à donner son verdict. Comme dans des dizaines de cas similaires de cadres accusés de corruption active qui sont entre les quatre murs d'une prison en attente d'être jugés. Sur un autre plan, alors que le débat est lancé sur la révision constitutionnelle, des hommes politiques sortent de leurs tranchées pour distiller leur fiel, se conformant ainsi à leur idéologie rétrograde. Il s'agit bien entendu du responsable du parti islamiste MSP, Makri, qui suggère de criminaliser l'utilisation de la langue française et d'effacer tamazight de la Constitution. Makri suggère pas moins l'exclusion de millions d'Algériens. C'est bien entendu insensé ! Mais ce sont là des propos irresponsables qui rejoignent d'autres dans le but de diviser les Algériens. Makri devrait s'inspirer du martyre de Cheikh Bouslimani, dirigeant de l'association El Irchad, qui a préféré mourir sous la torture que de donner une fatwa à ses ravisseurs pour légitimer l'assassinat des membres des forces de sécurité. Son corps et celui d'un capitaine de l'ANP ont été retrouvés ensemble dans une même fosse, affreusement mutilés.