Abdelmalik Lahoulou (28 ans), champion d'Afrique et recordman national du 400m haies (48 »39), 8e de la finale aux Mondiaux d'athlétisme de Doha 2019, a le moral au plus bas. La cause : sa préparation pour les Olympiades de Tokyo 2021 est totalement chamboulée. Retour forcé en Algérie après un long stage entamé en début de saison aux Etats-Unis. -Comment se déroule actuellement votre préparation en cette période de confinement ? Après une longue préparation effectuée aux Etats-Unis, je suis revenu pour poursuivre mon programme d'entraînement en Algérie. D'abord à Alger, puis à Jilel. Avant de me déplacer à Jijel pour rejoindre ma famille, je me suis entraîné à l'Office du complexe olympique (OCO) où le directeur général, Mohamed Bakhti, a mis à ma disposition toutes les conditions d'entraînement (piste d'athlétisme et haies). Hébergé à l'hôtel du 5 Juillet, je ne manquais de rien, sauf que j'étais livré à moi-même, vu l'absence de mon entraîneur. Car, il est difficile de suivre un programme d'entraînement à distance. -Mais pourquoi avez-vous écourté votre préparation aux Etats-Unis ? C'était inévitable. Avec le coronavirus qui a causé des milliers de décès aux Etats-Unis, le cœur n'y était pas pour continuer la préparation dans cet environnement. Pourtant, tout était au beau fixe au cours du stage commun avec un groupe d'athlètes véritables spécialistes mondiaux du 400m haies. Cela m'a permis de réaliser une excellente préparation au point où je me sentais pratiquement fin prêt pour les JO qui étaient prévus initialement en juillet 2020. D'ailleurs, sur place j'avais programmé de participer à une ou deux compétitions pour jauger mes capacités, mais elles ont été annulées par les organisateurs. Fort heureusement qu'à cette période-là, les vols d'avion n'étaient pas encore suspendus, sinon j'aurais été bloqué aux USA jusqu'à présent. -Il paraît qu'à Jijel, vous avez fait pour la première fois de votre carrière des séances biquotidiennes en plein mois de Ramadhan. Est-ce que ces entraînements n'ont pas eu un contrecoup sur votre organisme ? C'est vrai que pour ma première expérience, j'ai ressenti l'effet de la fatigue, mais par la suite je me suis adapté en gérant mes séances. L'entraînement biquotidien était bien espacé : la première séance était programmée deux heures avant la rupture du jeûne, et l'autre dans la soirée consacrée au travail intensif. Après ce cycle, je vais faire ces jours-ci un bilan médical. -Ne craignez-vous pas une saison blanche à cause de la crise sanitaire mondiale, sachant que la reprise des compétitions internationales reste floue, et en plus les compagnies aériennes ont suspendu leurs vols ? Tout à fait ! C'est l'incertitude totale. Fort heureusement que les JO ont été reportés à 2021. L'autre souci est lié au visa d'entrée dans l'espace Schengen. J'ai évoqué ce problème avec le DG des sports du MJS, Nadir Belayat, qui m'a assuré que la tutelle m'apportera aide et assistance. De son côté, le DTN de la FAA, Abdelkrim Sadou, m'a également apporté son soutien. Il a été question aussi d'organiser après le déconfinement quelques compétitions à Alger pour les athlètes. -Parlez-nous de votre récente rencontre avec le secrétaire d'Etat chargé des Sports d'élite, Noureddine Morceli… C'est une rencontre très conviviale avec Noureddine Morceli, une légende de l'athlétisme mondial. Au cours de cette entrevue, le secrétaire d'Etat chargé des Sports d'élite m'a assuré que son secteur se déploiera en vue de m'organiser un stage à l'étranger après l'ouverture des frontières et la reprise des vols. Il m'a encouragé à me concentrer uniquement sur ma préparation afin que j'atteigne mes objectifs. En attendant, Morceli m'a affirmé que l'idée de regrouper les athlètes d'élite au niveau d'un centre en Algérie n'est pas écartée. Entretien réalisé par Chafik Boukabes