Ni le groupe pétrolier français ni Sonatrach n'ont accepté de commenter l'information de la cession à Qatar Petroleum (QP) de 10% des parts que détient Total dans le projet de vapocraquage d'Arzew, en partenariat avec la société pétrolière nationale. Pour Sonatrach, que nous avons contactée dimanche et lundi, c'est le silence. « Nous ne pouvons rien dire sur cette information », nous a-t-on déclaré à deux reprises. Pour le groupe Total, que nous avons réussi à joindre hier, c'est à peu après la même réaction sauf que Florent Segura, de la direction communication du groupe français, nous a indiqué : « Nous souhaitons toujours développer le projet de vapocraquage de l'éthane d'Arzew. » A une question sur un probable communiqué portant sur la cession et l'entrée de Qatar Petroleum dans le projet, M. Segura nous a indiqué : « Nous confirmons notre intérêt pour le projet » et « nous ne commentons aucune information sur le projet ». A priori, les réactions des deux principaux partenaires du projet constituent une sorte de confirmation, même s'ils ont refusé de répondre aux questions sur le pourquoi de la cession de parts à Qatar Petroleum. On peut commenter les différentes causes qui ont pu amener cette cession. Il y a tout d'abord le changement de la loi. Au départ, Sonatrach détenait 49% et Total 51%. Mais la réglementation a changé depuis l'été 2009 et, pour tout projet d'investissement, le partenaire algérien doit disposer d'au moins 51% des parts. Donc Total devait céder au moins 2% des 51%. Sur un autre plan, le projet, qui était estimé à 3 milliards de dollars en 2007, va coûter 5 milliards de dollars. Au lieu d'investir 1,5 milliard de dollars sur le projet, Total devait investir une part de 2,5 milliards de dollars. Ce qui a pu l'amener aussi à céder 10% de ses parts, donc des obligations d'investissement. En janvier 2010, Total, en consortium avec Partex, a signé un contrat concernant le périmètre gazier de l'Ahnet avec Sonatrach. Pour ce projet dans lequel Total détient 47%, l'investissement attendu dans un premier temps serait situé entre 1,5 et 2 milliards de dollars. Une somme que Total doit investir avant d'être remboursé en production par Sonatrach pour les 51%, et ce, sans compter les droits d'entrée que le groupe français doit payer. Sur un autre plan, le groupe Total est un allié stratégique de QP au Moyen-Orient, y compris dans le secteur de la pétrochimie. Ce qui explique peut-être la nouvelle configuration des alliances. En mai dernier, Total avait annoncé l'inauguration de la plus grande unité au monde de production d'oléfines par craquage d'éthane à Ras Laffan, au Qatar. Celui-ci – Ras Laffan Olefin Cracker (RLOC), qui a une capacité de 1,3 million de tonnes d'éthylène par an, doit alimenter la nouvelle unité de polyéthylène de Qatofin inaugurée à Mesaieed en novembre 2009. A travers les deux joint-ventures créées avec QP, Total Petrochemicals détient un intérêt de 22,2% dans RLOC, aux côtés de Qatar Petroleum et de Chevron Philips Chemical Company. L'éthane, qui est utilisé dans le craqueur de Ras Laffan, provient du champ North Field, un gisement géant de gaz naturel situé dans l'offshore du Qatar et dans lequel Total détient des intérêts dans la production et le transport par le biais des projets Dolphin et Qatargas I et II. Le projet de vapocraquage d'éthane d'Arzew verra la réalisation d'un complexe d'une capacité de 1,4 million de tonnes d'éthane par an et doit produire 800 000 tonnes de polyéthylène avec 450 000 tonnes de LLDPE, 350 000 tonnes de HDPE et 410 000 tonnes d'éthylène glycol qui seront destinés aussi bien au marché national qu'à l'exportation. L'éthane serait extrait à partir des complexes d'Arzew.