Le comité de village d'Aghribs (40 km au nord-est de Tizi Ouzou), où ont eu lieu mardi dernier des incidents à cause du projet de construction d'une mosquée engagé par une association religieuse, est revenu sur cette affaire dans une déclaration rendue publique hier. Tout en réitérant leur attachement à la mosquée ancestrale du village et à la pratique religieuse tolérante et conviviale de leurs aïeux, les représentants des villageois dénient aux membres de l'association religieuse tout droit d'initier un projet de construction d'une seconde mosquée au village. Le comité de village dénonce la démarche des animateurs de l'association religieuse, qui « s'obstinent à lancer la construction d'une soi-disant mosquée qui, en vérité, n'est rien d'autre qu'une base avancée du salafisme. Ceci après s'être présentés au siège de l'APC au nom du comité du village et des citoyens d'Aghribs pour l'édification de leur repaire. Une fois la supercherie découverte, toutes les démarches nécessaires pour le retrait du permis de construire ont été entreprises par le village ainsi que l'APC ». Le comité du village souligne que le chantier de l'association est « implanté à vingt mètres de la mosquée ancestrale connue dans toute la région sous le nom de Sidi Djaffar et dont la restauration était déjà bien avancée ». La déclaration rappelle également toutes les démarches entreprises ces derniers mois dans l'intention d'éviter toute confrontation directe. « Blessée dans son honneur, la population d'Aghribs a, par la voix de ses représentants légaux, usé de tous les moyens pacifiques pour stopper cette provocation. La population d'Aghribs, ajoute la déclaration, a fait également appel à la sagesse des archs environnants. » Ces initiatives des villageois, appuyées par les assurances des autorités locales, n'ont pas persuadé les membres de l'association religieuse à retirer leur projet qui, faut-il le rappeler, est une importante infrastructure avec une aile destinée à l'hébergement. Mardi dernier, la forte tension autour de cette affaire a pris une tournure radicale. Des jeunes du village se sont emparé d'un engin des travaux publics et ont purement et simplement démoli ce qui avait été construit dans ce chantier non désiré par la population locale. Des affrontements ont eu lieu et des blessés ont été dénombrés de part et d'autre. La déclaration du comité du village mentionne un détail extrêmement grave lorsqu'il dénonce l'utilisation de la vidéo en des occasions anodines de la vie villageoise. D'autres cas ont été signalés dans certaines localités de la région, où des groupes à mi-chemin entre l'inquisition et la moralisation de la vie publique, sur la base d'une vision fondamentaliste, utilisent les caméras pour numériser des situations sans informer de la destination des films. Cela ne manque pas de rappeler les pratiques des salafistes djihadistes, rompus à la guerre électronique. Cette transposition au civil d'une stratégie guerrière se fait avec la bénédiction des autorités et des services de sécurité.