Avec un taux d'abstention record (près de 60% au deuxième tour de dimanche), la percée des écologistes et de leurs alliés de gauche ont marqué les élections municipales françaises 2020. A telle enseigne que tous les partis politiques s'en prévalent et affirment en faire une priorité de leurs programmes. En réalité, la véritable dynamique écologique ce sont les Verts qui l'ont apportée en emportant – seuls ou en s'alliant à la gauche – de grandes villes comme Lyon, Strasbourg ou Poitiers et en confirmant dans des villes dont ils étaient déjà à la tête comme Grenoble, par exemple. A Lyon, malgré un accord entre LREM et LR, le candidat écologiste Grégory Doucet a remporté l'élection avec plus de 52,4% des voix pour, loin devant le candidat de la majorité, Yann Cucherat, qui a remporté 30,8% des voix malgré le ralliement du candidat LR. Bordeaux, un bastion historique de la droite est également passé aux mains des écologistes soutenus par le PS et le PC. A Strasbourg, Jeanne Barseghian, candidate écologiste, a remporté la mairie avec 42% des voix, malgré une alliance entre LREM et LR. A Besançon, Anne Vignot (EELV-PS-PCF-Generations.s) s'est imposée à Besançon avec plus de 43% des voix. Si Besançon passe au Vert, la ville reste toutefois à gauche comme depuis plus de 50 ans. D'autres villes sont tombées dans l'escarcelle des Verts et de leurs alliés de gauche. «Ce qui a gagné ce soir, me semble-t-il, c'est la volonté d'une écologie concrète, d'une écologie en action», a salué l'eurodéputé Yannick Jadot dimanche soir. «Ça n'a pas été facile, c'est l'abstention qui nous pose problème (…) C'est une tristesse de voir le pays avec un tel taux d'abstention.(…) On va mettre les bouchées doubles sur la lutte contre le réchauffement climatique», a déclaré la socialiste Martine Aubry, réélue de justesse à Lille pour un 4e mandat avec 40% de voix devant l'écologiste Stéphane Baly (39,41%).Sa victoire s'est jouée à 227 voix. «Vous avez choisi l'espoir, le rassemblement, un Paris qui respire, un Paris plus agréable à vivre, une ville plus solidaire qui ne laisse personne sur le bord du chemin», a déclaré la maire socialiste sortante de Paris Anne Hidalgo, réélue à 49,3% des voix. Marseille a basculé à gauche après 25 ans de gestion de droite. Avec la percée des Verts et de leurs alliés de gauche, le premier secrétaire du PS, Olivier Faure, célèbre l'avènement d'«un bloc social, écologique qu'il faut consolider». Le parti des Républicains, pour sa part, reste majoritaire en nombre de commune Quant à La République en marche, parti de la majorité présidentielle, n'ayant pas d'ancrage local, c'est la grande déception. La candidate de la majorité à Paris, Agnès Buzyn, a récolté moins de 14% des voix, ce qui ne lui permet pas d'obtenir son siège au conseil de Paris. Malgré la victoire, sans surprise, dimanche, du Premier ministre Edouard Philippe au Havre avec 56,83% ou de Gerald Darmanin, élu dès le premier tour à Tourcoing, La République en marche a montré qu'il n'avait pas d'ancrage local. Emmanuel Macron a «marqué sa préoccupation pour le faible taux de participation aux élections municipales», qui n'est «pas une très bonne nouvelle». Tout en saluant la victoire des écologistes, Jean-Luc Mélenchon y voit une «grève civique» des Français. Si Les Verts ont fait une avancée notable, dimanche, c'est l'abstention qui a été remarquable. Parmi les 16,5 millions d'électeurs appelés à voter dans 4820 communes pour le second tour des municipales, ils ont été nombreux à avoir boudé le scrutin. Le taux de participation s'établit entre 40 et 41%, selon les estimations, contre 62,1% en 2014. Il est vrai que cette abstention historique s'inscrit dans le contexte de crise sanitaire liée à l'épidémie du coronavirus, qui a freiné les électeurs, malgré des mesures sanitaires renforcées, alors que les candidats n'ont quasiment pas pu faire campagne, trois mois après un premier tour déjà marqué par une forte abstention, ont relevé les analystes du scrutin et les médias. Paris /De notre bureau Nadjia Bouzeghrane