Les responsables écologistes d'extrême droite, de la gauche radicale et de la droite ont réclamé son report. Les Français ont déserté comme jamais les urnes lors du premier tour dimanche des élections locales, maintenues malgré l'épidémie de coronavirus en plein essor, ce qui a poussé des responsables politiques à réclamer le report du second tour. Sur les quelque 47,7 millions d'électeurs appelés à élire leur maire, moins de la moitié a finalement voté, validant une importante poussée écologiste dans une ambiance générale surréaliste après la fermeture depuis samedi soir des "lieux recevant du public non indispensable à la vie du pays". Le taux d'abstention, qui pourrait s'établir entre 53,5% et 56%, est d'ores et déjà historique. Il avait été de 36,45% au premier tour des municipales de 2014. Cette abstention "témoigne de l'inquiétude grandissante de nos concitoyens", a déclaré dimanche soir le Premier ministre Edouard Philippe, arrivé en tête au Havre (Ouest) avec 43,59% des suffrages. Celui qui avait été élu maire dès le premier tour en 2014 a ajouté qu'une consultation aurait lieu "en début de semaine" sur l'opportunité de maintenir le second tour le 22 mars. Les responsables écologistes, d'extrême droite, de la gauche radicale et de la droite ont réclamé son report. Selon le constitutionnaliste Didier Maus, un report du second tour conduirait à annuler le résultat du premier tour et obligerait les électeurs à revoter pour les deux tours. L'enjeu politique du scrutin a été complètement éclipsé. Il résidait surtout dans la capacité pour le parti présidentiel à s'ancrer localement et pour les oppositions, laminées en 2017, à reprendre des couleurs. L'Exécutif a traversé une période délicate ces derniers mois, marquée par de longs mouvements sociaux comme les Gilets jaunes ou la grève contre la réforme des retraites. Mais les électeurs n'ont pas répondu à l'appel du président Emmanuel Macron qui avait insisté sur l'importance de voter "dans ces moments-là", en déposant son bulletin dans l'urne au Touquet. Les premières estimations ont commencé à tomber dimanche soir. À Paris, où la campagne a été très mouvementée, la maire socialiste sortante Anne Hidalgo est arrivée largement en tête avec 30%, devant sa rivale de droite Rachida Dati (22%) et la candidate macroniste Agnès Buzyn (17%). Parmi les dix membres du gouvernement impliqués dans ces élections, le ministre des Comptes publics, Gérald Darmanin, a été réélu à Tourcoing et le ministre de la Culture, Franck Riester, à Coulommiers. À Marseille, la succession de Jean-Claude Gaudin après 25 ans était incertaine pour la candidate LR Martine Vassal, confrontée à une dissidence, et donnée au coude à coude avec la liste de gauche de Michèle Rubirola. Dans de nombreuses grandes villes, les écologistes ont surfé sur la vague amorcée aux Européennes, comme à Toulouse, Bordeaux, Strasbourg, Lyon, Grenoble ou encore Besançon, où les candidats estampillés EELV sont en tête ou à la bataille pour la première place, créant parfois la surprise. Ils ont également réalisé de bons scores à Rennes, Lille et Nantes. Plusieurs élus d'extrême droite ont été réélus dès le premier tour comme Steeve Briois à Hénin Beaumont, David Rachline à Fréjus et Robert Ménard à Béziers. Louis Aliot semblait bien placé pour conquérir Perpignan.