Déficit en capacités d'accueil, marketing, savoir-faire, hôtellerie et restauration d'un côté, image séduisante et reluisante d'un potentiel touristique encore vierge sur l'ensemble des régions, de l'autre. En tant que voyagiste, comment expliquez-vous un tel paradoxe ? D'un point de vue touristique, la ville de Annaba a des potentialités énormes. D'ailleurs elle vient d'être retenue par les pouvoirs publics comme pôle d'excellence touristique pour la région Est du pays dans le cadre du schéma national d'aménagement du territoire (SNAT). Ces potentialités sont malheureusement sous-exploitées, voire inexploitées. Annaba est une ville qui allie plusieurs aspects, le balnéaire avec les séjours en bord de mer, le climatique avec les séjours en hauteur dans un environnement boisé, naturel et panoramique à 1 000 m d'altitude au village de Séraïdi, avec son hôtel féérique El Mountazeh, une véritable œuvre architecturale tracé des mains du célèbre architecte Pouillon. Le tourisme culturel et cultuel, peuvent-ils y être développés ? Les opportunités existent et elles sont là. Annaba (Hyproregius, ou Bouna, ville du Jujube), offre à ses visiteurs de voyager au gré des civilisations : romaine à travers la visite du site archéologique d'Hippone, avec son musée fourmillant de pièces et œuvres uniques au monde, ottomane à travers la muraille, la citadelle, les maisons et mosquées millénaires, sans oublier la basilique Saint-Augustin, un produit touristique par excellence. Peut-on déduire que le circuit touristique est un produit à valoriser ? Pourquoi pas ? Des visites guidées sont proposées par de nombreuses agences. Il y a la Corniche, plus d'une douzaine de plages, le cap de Garde, le village Séraïdi, El Mountazeh, avec sa vue imprenable sur les montagnes de l'Edough… Le tourisme écologique est un autre produit, malheureusement peu attractif. Notre société n'a pas encore développé cette culture. Pourtant, on ne peut pas être à Annaba et ne pas penser à visiter le parc national d'El Kala, fort de 800 ha, zone protégée et classée patrimoine universel. Ses trois lacs (Oubeira, Tonga et El Mellah) forment un microclimat humide donnant un caractère exceptionnel à la faune et à la flore. Ce parc attise toujours la curiosité de plusieurs chercheurs et scientifiques du monde. Ce circuit peut être à thème scientifique ou récréatif. C'est pourquoi, en tant qu'agents de voyage, nous devons miser sur le réceptif, notre activité doit impérativement être génératrice de ressources en devises. C'est ainsi que nous pourrons être d'un apport certain pour la diversification des ressources hors hydrocarbures. Ne pensez-vous pas que l'environnement, en termes de structures d'accueil, est peu favorable à la volonté de donner un réel essor au tourisme dans la ville de Annaba ? Avec 1 500 lits aux normes touristiques, classés, et quelque 1500 autres non classés, Annaba est bien loin de satisfaire la demande en période estivale. Le marché locatif ou le séjour chez la famille sont hélas les plus répandus. La cherté de la vie, le peu de scrupules de certains commerçants et le marché informel de l'insignifiant produit artisanal font que cette manne providentielle de plus de 3 millions de visiteurs annuellement enregistrés à Annaba, n'a aucun impact économique pour sa prospérité. Pis encore, Annaba n'arrive même pas à retenir ceux qui préfèrent passer leurs séjours et dépenser leur pécule chez nos voisins (en Tunisie). Quelque part, j'estime qu'ils ont raison : un séjour de 8 jours en demi-pension (DP), plus petit-déjeuner, plus dîner dans un établissement 3 étoiles en Tunisie revient à une famille de 4 personne au même prix que dans un hôtel à deux étoiles avec petit-déjeuner chez nous. No comment ! Le tourisme c'est d'abord une mentalité et un environnement.