De toutes les régions du pays, probablement la ville de Béchar détient la triste palme en matière d'absence d'aires de détente et de loisirs. Et, de ce fait, elle est considérée comme la recalée, la lanterne rouge dans ce domaine. Depuis plusieurs décennies, les élus locaux n'ont jamais songé à prendre une initiative qui puisse apporter une bouffée d'oxygène à ses habitants qui étouffent ni proposé la création d'un centre de détente et de convivialité d'envergure, à l'instar de certaines grandes agglomérations du Nord. La population de la commune, estimée à 165 000 âmes, souffre affreusement de l'inexistence de lieux de repos et de places publiques appropriés pour les familles qui restent cloîtrées chez elles hiver comme été. Si la région est défavorisée par la nature sur le plan des précipitations annuelles qui sont très faibles, ce ne sont pourtant ni l'espace ni l'eau de surface qui manquent. Sans doute, noteront les psychologues, pareille frustration telle une carence affective ne peut que contribuer à exacerber les nerfs des citoyens dans leurs rapports quotidiens et est susceptible d'engendrer à la longue un déséquilibre psychique chez des gens qui n'ont d'autre occupation que de s'enfermer à longueur d'année chez eux après de harassantes journées de travail sans possibilité de sortir dans la soirée pour se défouler. Carences Pour rester dans la mesure, il faut reconnaître qu'il existe un centre de loisirs familial de petite superficie assez verdoyant géré par les militaires et accessible aux familles et leurs enfants sans distinction entre civils et militaires. Mais il est au demeurant insuffisant en matière d‘aires de jeux et de distractions pour enfants et ne répond aucunement aux immenses besoins et attentes de la population locale. La carence en matière d'espaces de loisirs et lieux de convivialité est d'ailleurs manifeste pour tout visiteur étranger à la région qui foule le sol de la commune pour la première fois où il ne manque pas de constater la monotonie épouvantable du climat social et l'ambiance terne dans la ville qui grouille de monde ainsi que les plaintes qui fusent de partout sur cet insupportable ennui mortel aggravé par une disette culturelle et artistique en période de grandes chaleurs. Les plus chanceux, c'est-à-dire les nantis, fuient la région en période de grande canicule pour passer des vacances sur le littoral de l'Ouest, sur les magnifiques côtes de Béjaïa, nouvelle découverte pour les Bécharis, ou prennent le chemin des pays voisins. Mais les regards des citoyens de la capitale de la Saoura restent braqués sur le projet de création d'un centre de loisirs et de détente d'envergure annoncé et constamment évoqué et discuté lors des sessions de l'APW. Son adoption, croit-on savoir, buterait néanmoins sur le choix du site de son implantation, son coût et sa nature juridique non encore définie (investissement public ou privé ?). Outre le projet en question à l'état de promesse, la population qui traverse une prise de conscience en matière de protection de l'environnement réclame désormais que les extensions de zones urbaines ou lotissements nouveaux qui seront décidés à l'avenir devront être nécessairement accompagnés par la création et l'aménagement d'espaces de repos et de détente pour les familles pour que la ville puisse se débarrasser enfin de son sobriquet de « ville caserne » qui lui colle depuis toujours à la peau.