Considérés comme étant un segment essentiel dans la vie quotidienne du citoyen et dans l'épanouissement d'une société, les loisirs, tous secteurs confondus, semblent avoir été relégués au dernier rang.Préoccupé par le logement, l'emploi, les problèmes d'AEP et d'assainissement, d'électrification et cela depuis plus de 40 ans, les pouvoirs publics locaux ainsi que la société civile n'ont jamais inscrit dans leur plan d'action le développement du segment des loisirs : lecture, théâtre, cinéma et jeux de détente. Pourtant ledit segment joue le rôle de régulateur et de stabilisateur d'une société. En effet, aucune inscription d'espace de détente n'est enregistrée au niveau des communes, alors que la monotonie et le désœuvrement s'installent de plus en plus dans la vie quotidienne du citoyen. Ce dernier est confronté au manque d'espace adéquat pour se détendre et se destresser quand le besoin se fait ressentir ; les salles de cinéma ont baissé rideau depuis longtemps déjà. Les aires de jeux quand elles existent sont dans un état de dégradation très avancée et de plus, fréquentées par une frange de la société qui s'adonne à tous les interdits. La culture de détente et d'épanouissement semble avoir été remisée au fond du subconscient, seuls les nostalgiques réveillent les vieux souvenirs d'un temps révolu où les familles entières, avec le peu de moyens dont elles disposaient à l'époque, organisaient des sorties, des pique-nique, des randonnées pédestres faisant profiter femmes, enfants et même voisins. Une période où l'on savait conjuguer détente et travail et où barbituriques, alcools et même suicides n'avaient pas de place. Le temps semble avoir effacé cette culture d'où la raréfaction des lieux de rencontres et d'espace d'épanouissement et de détente. Aujourd'hui, le Béjaoui ne possède aucun repère pour pouvoir organiser son temps de loisir. Les citoyens de l'arrière-pays convergent vers le chef-lieu dans l'espoir de “ changer d'air ” et “ se ressourcer ”, mais ils sont vite confrontés à l'absence de loisirs et d'espaces de détente, ce qui les mène à déambuler le long de l'unique boulevard de la ville, d'Amriou vers l'ex-place Geydon attendant la nuit pour cuver leur vin et griller leurs joints afin de rêver d'un moment de détente qu'ils n'ont pas pu concrétiser. Ce constat fait ressortir une courbe décroissante en matière de loisirs et de détente, alors que celle de la consommation d'alcool, de drogue, de délinquance et de suicide par son ascendance tend à devenir alarmante.