L'Union africaine organisera aujourd'hui un mini-sommet sur le Grand barrage de la Renaissance (GERD) éthiopien. Un barrage au cœur d'un conflit opposant Addis-Abeba à Khartoum et au Caire depuis une décennie. Ce mini-sommet intervient une semaine après l'échec des derniers pourparlers tripartites, sous l'égide de l'organisation panafricaine, dans un contexte de tensions au sujet du présumé début du remplissage de ce barrage, comme l'a décidé le Premier ministre éthiopien, Ahmed Abiy. L'Egypte craint que le projet ne permette à l'Ethiopie de contrôler le débit du plus long fleuve d'Afrique. Les centrales hydroélectriques ne consomment pas d'eau, mais la vitesse à laquelle l'Ethiopie remplit le réservoir du barrage aura une incidence sur le débit en aval. «Nous avons un plan pour commencer à remplir le réservoir à la prochaine saison des pluies, et nous commencerons à produire de l'électricité avec deux turbines en décembre 2020», avait déclaré le ministre éthiopien de l'Eau, Seleshi Bekele, en septembre 2019. Mais l'Egypte a proposé une période plus longue afin que le niveau du fleuve ne baisse de façon spectaculaire, en particulier dans la phase initiale de remplissage du réservoir. Les pourparlers à trois entre l'Egypte, le Soudan et l'Ethiopie sur l'exploitation du barrage et le remplissage de son réservoir n'ont pas progressé depuis plus de quatre ans. Après les discussions de la semaine dernière, M. Seleshi a accusé Le Caire de n'avoir aucune intention de parvenir à un accord. L'Egypte ne restera pas les bras croisés face aux problèmes posés par le GERD, a déclaré dimanche le ministre égyptien de l'Irrigation et des Ressources en eau, Mohamed Abdel-Ati, rapporte l'APS, citant un site d'information officiel. Le ministre a tenu ces propos au cours d'une réunion organisée par la commission des petites et moyennes entreprises du Parlement en vue d'explorer la possibilité d'offrir des prêts aux agriculteurs qui souhaitent moderniser leur système d'irrigation, a rapporté le site d'information étatique Ahram Online. «Ce n'est pas une affaire facile, et il reste beaucoup de défis à relever dans ce domaine, mais nous ne resterons pas inactifs et nous ne nous cantonnerons jamais à un rôle de spectateurs. L'Egypte dispose de toutes sortes d'outils internes pour résoudre les problèmes qui pourraient être causés par le GERD», a-t-il affirmé. Il a précisé que la stratégie actuelle du ministère se concentre sur l'optimisation de l'utilisation de l'eau du Nil dans les projets agricoles, soulignant que le gouvernement est en train de généraliser les systèmes d'irrigation par aspersion pour remplacer les anciens systèmes par submersion. «Le gouvernement souhaite aider les agriculteurs à obtenir des prêts à court terme pour se doter de systèmes d'irrigation modernes permettant d'économiser l'eau», a-t-il ajouté. L'Afrique du Sud, qui préside actuellement l'Union africaine (UA), a invité l'Egypte, le Soudan et l'Ethiopie à participer à un mini-sommet sur le GERD qui se tiendra aujourd'hui. Cette invitation intervient quelques jours après que les trois pays ont mis fin à une série de négociations sur le GERD sans être parvenus à un accord sur le remplissage de ce barrage géant. L'Ethiopie a commencé à construire le GERD en 2011. L'Egypte, un pays situé plus en aval, dépend largement du Nil pour son approvisionnement en eau douce, et craint que le barrage n'affecte les 55,5 milliards de mètres cubes d'eau qu'elle reçoit chaque année du fleuve.