Cela fait maintenant une semaine que la Fédération algérienne de football (FAF) a scellé le sort de la saison 2019/2020, à l'arrêt depuis le 16 mars dernier, en décrétant une fin de saison prématurée, tout en désignant les lauréats dans les différents championnats, en faisant accéder plusieurs formations d'un palier à l'autre, et en annulant la relégation. Au-delà du bien-fondé ou pas de cette décision, aussi tardive soit-elle (plus de quatre mois et demi d'arrêt), que certains (les clubs) ont qualifiée de sage, alors que d'autres l'ont contestée, en passant par la légalité ou non du procédé utilisé par la FAF (consultation écrite des membres de l'AG), il n'en demeure pas moins que sur le principe d'un arrêt de la saison 2019/2020 des championnats après plusieurs mois d'inactivité, tout le monde était unanime. Si pour la plupart des clubs la décision de la FAF a été un soulagement, ils risquent désormais de déchanter, et ce, pour de nombreuses raisons. La FAF, en s'arrêtant juste à décréter la fin de saison et à «voter» pour une saison transitoire, avec un changement de compétition conséquent (20 équipes en Ligue 1 et deux groupes de 18 clubs en Ligue 2), en passant par le fait qu'elle n'a pas statué sur le sort de la coupe d'Algérie 2019, laisse les amateurs de la balle ronde et surtout ses acteurs sur leur faim, avec beaucoup de zones d'ombre, semant la confusion et donnant lieu à des interrogations. UNE SAISON CHARGEE EN UN TEMPS Limité ! En décrétant la fin de l'exercice 2019/2020, la FAF renvoie désormais les clubs à se consacrer à la préparation de la nouvelle saison 2020/2021. Une nouvelle saison sans date même approximative pour son démarrage, qui s'annonce des plus chargées, notamment dans les deux premiers paliers (Ligues 1 et 2) pour deux raisons : d'abord avec le nombre de clubs qui animeront les championnats des Ligues 1 et 2, et ensuite en raison du temps très limité pour leur achèvement. En effet, gérer un championnat de la Ligue 1 à 20 clubs et celui de la Ligue 2 avec 36 clubs répartis sur deux groupes de 18 sera plus complexe que les précédents exercices avec 16 formations, que la Ligue de football professionnel (LFP) a eu bien du mal à gérer, notamment question programmation. Plus de clubs dans chaque division implique plus de matchs, avec désormais 38 journées en Ligue 1 (+8 matchs) et 34 journées en Ligue 2 (+4 matchs). Sachant que les championnats ne vont pas reprendre de sitôt, alors qu'habituellement leur coup d'envoi est donné à la fin de chaque mois d'août, mais avec des clubs toujours pas autorisés à reprendre, alors qu'on est en plein mois d'août, et une situation sanitaire loin d'être maîtrisée, la saison 2020/2021 sera à coup sûr courte, et même très courte. Comment la FAF et la LFP vont-elles gérer cette situation, sans oublier que plusieurs clubs seront appelés à disputer des compétitions internationales (LDC, Coupe de la CAF et Coupe arabe), ce qui compliquera davantage la programmation. Il est d'ailleurs à se demander si les membres du bureau fédéral ont pris en compte cet aspect, avant de décréter l'augmentation du nombre de clubs en Ligues 1 et 2 pour la saison prochaine. Une saison qui ne devrait reprendre pas avant au moins la fin octobre dans le meilleur des cas, avec 38 journées en Ligue 1 et 34 journées en Ligue 2 dans les deux groupes, pourra-t-elle s'achever d'ici mai 2021, surtout si la compétition de la coupe d'Algérie 2020 devrait se poursuivre ? La réponse saute aux yeux, avec un calcul simple à faire. UNE LIGUE 2 PROFESSIONNELLE OU AMATEUR ? Faisant en sorte de satisfaire la majorité des clubs, le BF de la FAF a décidé non seulement d'annuler la relégation, mais de permettre à toutes les équipes éligibles à l'accession d'être promues, suivant le changement opéré dans le système de compétition prévu par l'instance. A cet effet, la Ligue 2 se retrouve avec 36 équipes la saison prochaine, dont 12 seulement professionnelles et les 24 amateurs promues des trois groupes de la DNA. Là encore, des zones d'ombre persistent avec un BF qui n'a pas donné de précision sur le statut de cette Ligue 2. Serait-ce un championnat professionnel ou amateur ? Est-ce les 24 équipes qui devront se constituer en SSPA pour avoir le statut de professionnel ou est-ce les 12 équipes déjà présentes en Ligue 2 qui devraient se défaire de leur statut de professionnel pour celui d'amateur ? Sachant que lors de la saison 2021/2022, c'est-à-dire dans une année exactement, il ne devrait plus y avoir de Ligue 2 professionnelle selon le nouveau système de compétition adopté il y a quelques mois. Serait-ce donc une obligation d'avoir une Ligue 2 amateur pour le nouvel exercice ? Avec un mélange d'équipes professionnelles et amateurs, est-ce à la Ligue nationale de football amateur (LNFA) de Ali Malek ou la LFP de Medouar de gérer ce championnat ? Tant d'interrogations que le BF a omis d'aborder lors de sa prise de décision pour éclairer l'opinion publique et surtout les acteurs du football national, s'empressant vraisemblablement de valider l'arrêt du championnat et adopter cette option C, qui sied à ses projets de changement de système de compétition. A moins que cela n'a même pas effleuré l'esprit des membres ! Plusieurs clubs professionnels, à l'image du DRB Tadjenanet, l'USM Annaba et de l'USM Harrach, pour ne citer que ceux-là, menacent déjà de boycotter le championnat s'ils venaient à voir leur statut basculer vers l'amateur. Une situation qui mettra la FAF dans l'embarras, au risque de subir son choix. ET LA CIRCULAIRE 264-2020 DU MJS DU 8 JUIN ? L'autre inconnue de cette compliquée équation est de savoir ce que pense le ministère de la Jeunesse et des Sports (MJS) des changements apportés par le BF au système de compétition, consécutive à la décision de la FAF. Car il faut bien admettre que c'est un changement monstre qui vient d'être opéré pour les championnats du nouvel exercice, même si la FAF parle d'une «saison transitoire». Sid Ali Khaldi n'avait pas manqué de rappeler à l'ordre la FAF, le 8 juin dernier à travers la fameuse circulaire 264-2020, rappelant aux fédérations que tout changement du système de compétition était interdit pour leur dernière année du mandat olympique. En optant pour l'option C pour «une saison transitoire» avec une Ligue 1 à 20 clubs et une Ligue 2 à deux groupes de 18 clubs chacun, la FAF a-t-elle tenté de contourner la circulaire du MJS, en donnant du crédit à ce changement en passant par une consultation des membres de l'AG de la FAF, alors que Khaldi avait rejeté la tenue d'une AG extraordinaire pour décider du sort de la saison 2019/2020 ? Cela semble bien être le cas, et la parade de la FAF a vraisemblablement fonctionné, puisqu'une semaine maintenant après avoir statué sur le sort de la saison 2019/2020 et même sur la nouvelle, point de réaction de la tutelle, surtout avec le satisfecit de la majorité des clubs. A moins que cette dernière prépare une riposte. Dans ce cas-là, tout ce qu'a décidé l'instance fédérale serait remis en cause. Il est aussi à signaler que si la FAF a pris le même chemin de la majorité des fédérations du continent africain de mettre fin à la saison en cours, elle reste la seule à avoir opéré un changement du système de compétition consécutivement à cette décision, en doublant pratiquement le nombre des pensionnaires des deux premiers paliers des championnats. !