"Cette consultation écrite se déroulera dans le strict respect de la réglementation et des statuts de la FAF", souligne la Fédération algérienne de football. La FAF persiste et signe : la consultation écrite, lancée auprès des membres de l'assemblée générale de la fédération de football, pour décider du sort de l'exercice 2019-2020, suite au refus du ministre de la Jeunesse et des Sports d'autoriser l'AG extraordinaire, est "réglementaire". La FAF affirme même que cette alternative trouvée pour permettre une large consultation des acteurs du football a reçu l'approbation du MJS. C'est ce qui ressort d'un communiqué publié hier sur son site officiel. "Suite à l'approbation du ministère de la Jeunesse et des Sports (MJS) et de la Fédération internationale de football association (FIFA), la Fédération algérienne de football a lancé, le mardi 21 juillet 2020, une consultation écrite auprès des membres de l'assemblée générale, étant les acteurs principaux du football national, pour se prononcer sur l'issue de la saison sportive 2019-2020. Cette consultation écrite se déroulera dans le strict respect de la réglementation et des statuts de la FAF", indique la fédération. Et d'ajouter : "Pour rappel, cette consultation écrite fait suite au bureau fédéral de mercredi 15 juillet 2020 et des circonstances actuelles de nature extraordinaire liées à la pandémie de Covid-19. Il va sans dire que la reprise effective des activités footballistiques dépendra des autorités publiques et se fera, le cas échéant, dans le strict respect de la loi nationale ainsi que le protocole sanitaire établi par les instances compétentes." La FAF oppose donc une fin de non-recevoir aux affirmations du président de l'Observatoire national du sport, organe consultatif placé auprès du ministère de la Jeunesse et des Sports (MJS), Mokhtar Boudina, qui a estimé que l'alternative proposée par la FAF "n'avait pas de base sur le plan réglementaire". "Cette consultation écrite n'a pas de base sur le plan réglementaire, du moment qu'elle n'est pas prévue par les statuts. Autrement dit, elle ne peut pas avoir la force de l'assemblée générale, ni la force de la réglementation. La démarche de la FAF est une inspiration pour élargir la discussion et demander l'avis de certains membres de l'AG pour essayer d'avoir le consensus le plus large possible. C'est une consultation que la FAF a le droit de faire, rien ne peut l'en empêcher, sauf qu'elle ne peut pas remplacer l'assemblée générale et toutes les formes qu'elle revêt : extraordinaire ou ordinaire", a indiqué Mokhtar Boudina. Et d'ajouter : "La consultation écrite n'est pas prévue dans les statuts, elle ne peut pas remplacer une AG, elle donne la légitimité pour prendre une décision, mais elle ne peut en aucun cas être une forme de délibération. Elle est initiée pour préparer le terrain à une décision qui doit être prise par le bureau fédéral ou dans le cadre d'une AG. Elle permet d'avoir un maximum d'avis sur une question, et donc peut-être au BF de trancher soit à son niveau, soit de la soumettre à l'AG comme le permettent les articles 28 et 29 des statuts." Boudina explique en outre que "selon le décret n°14-330, la consultation est un moyen d'associer, d'avoir un large consensus et de mieux discuter, c'est un bon moyen de mobiliser les gens autour d'une décision future ou d'une résolution. Seulement, elle n'est pas dans la hiérarchie des dispositions réglementaires prévues dans les statuts. Le fruit de cette consultation peut demain se transformer en assemblée générale comme une résolution, mais c'est à la FAF de voir les formes qui lui seyent". La consultation écrite de la FAF est également en contradiction avec la circulaire du MJS n°264-2020, datée du 8 juin dernier, qui interdit tout changement de système de compétition durant la présente saison évoqué justement dans le formulaire envoyé depuis mardi aux membres de l'AG. La fédération précise en effet dans ce formulaire que les votants doivent d'abord "décider de l'arrêt ou non du championnat. Si la réponse est oui, ces derniers auront à choisir entre trois propositions. La première consiste à décréter une saison blanche avec l'annulation de tous les résultats de la saison 2019-2020, la deuxième de figer le classement à la dernière journée jouée pour tous les paliers et désigner les champion, promus et relégués, et la troisième sera de désigner le champion, les clubs qui accèdent, mais tout en annulant la relégation. S'il advient que les membres de l'AG retiennent le choix C, il sera opéré un léger remaniement du système de compétition pyramidal. De ce fait, la saison 2020-2021 devient une saison transitoire avant le retour du système de compétition pyramidal lors de la saison 2021-2022. Les membres qui optent pour le choix C s'engagent à accepter les modalités d'accession et de rétrogradation qui seront arrêtées par le bureau fédéral et rendues publiques comme le stipule la réglementation en vigueur". Or, statutairement, selon l'article 23 des statuts de la FAF, un changement de système de compétition doit impérativement avoir l'aval de l'assemblée générale. Selon ces statuts, aucun changement de système de compétition ne peut intervenir moins d'une année au minimum avant sa mise en application. Reste à connaître désormais la position du MJS dont le premier responsable, Sid-Ali Khaldi, a déjà affirmé qu'il ne tolérera aucun piétinement de la circulaire, de la loi du sport et des statuts des fédérations. SAMIR LAMARI