Le Nord algérien vit au rythme des secousses telluriques depuis le début de ce mois. En effet, le Centre de recherche en astronomie, astrophysique et géophysique (CRAAG) enregistre une douzaine de séismes (ou répliques) du 1er août à ce jour. De magnitude moyenne de 4 sur l'échelle de Richter, ces séismes concernent plusieurs régions du pays, dont Blida, Mila, Tipasa, Oran et Jijel. Même s'ils ont provoqué des mouvements de panique parmi la population, fort heureusement ils n'ont causé aucune perte humaine. Le mois dernier (juillet), le Craag avait enregistré une quinzaine de secousses, alors que l'activité sismique était beaucoup moins importante durant les mois précédents. M. Azzedine Boudiaf, consultant géologue, estime qu'«effectivement, on a l'impression que c'est tout le nord du pays qui bouge, mais honnêtement ce n'est pas le cas !». Il estime que ce phénomène est tout à fait naturel et explique que le séisme de Mila, par exemple, est probablement associé à la vidange du barrage de Beni Haroun : «Il ne faut pas oublier que des millions de mètres cubes d'eau ont été retirés depuis au moins 6 mois du barrage pour les besoins agricoles et domestiques. Cette sismicité dite ‘‘sismicité induite'' est connue de par le monde et a fait l'objet de nombreux travaux. Les cassures ou failles environnant l'ouvrage se réajustent et causent des séismes dits ‘‘modérés'' cad M5.0». Il ajoute : «Pour ce même séisme et au vu des images qui m'ont été transmises, les dégâts observés au niveau de certains sites construits sont associés plus à un glissement de terrain induit par ce séisme que par le séisme lui-même. Là on parlera d'effets secondaires induits par le séisme. S'ajoute à cette mauvaise occupation du sol, la qualité du bâti en autoconstruction non conforme aux règles de l'art de la construction.» Et concernant les séismes de Sidi Ghiles et de Blida, le géologue juge qu'il n'est pas «étonnant qu'ils soient rapprochés en termes de temps car ces deux régions appartiennent à la même unité tectonique qui entoure l'ensemble de la région ouest de Blida, offshore compris (voir schéma joint)». Il rassure même que ces magnitudes «sont rassurantes car l'énergie dégagée permet aux failles actives d'être moins agressives et leur énergie se dissipe lentement sans enclencher une rupture brutale pouvant être à l'origine d'un séisme majeur de M6». Enfin, le spécialiste en géologie vient de cosigner un communiqué dénonçant les propos «alarmiste et insensés» de Loth Bonatiro, intitulé : «Les prédictions de Bonatiro : un danger national ».