Au lendemain du voyage du président égyptien Anouar El Sadate en 1977 à Tel-Aviv, naissait le Front de la fermeté, regroupant cinq pays arabes, dont l'Algérie, autour de l'Organisation de libération de la Palestine (OLP), contre ce qui apparaissait à l'époque comme une trahison, un coup de poignard dans le dos des Palestiniens. Un an plus tard, avec les accords de Camp David, suivis en 1979 du traité de paix entre l'Egypte et l'entité sioniste, la fermeté allait se galvaniser en refus de la capitulation. De la fermeté, le Front devenait ainsi celui du refus. Aujourd'hui, quarante ans plus tard et quatre trahisons après celles de l'Egypte, de la Jordanie et tout récemment avec les accords «honteux» de normalisation des relations avec Israël conclus par les Emirats arabes unis le 13 août et le Bahreïn vendredi dernier, l'OLP et le Hamas appellent les Palestiniens à manifester partout, que ce soit dans les territoires de Cisjordanie, de Ghaza et à l'étranger, devant les ambassades d'Israël, des Emirats arabes unis et de Bahreïn. Il s'agit de faire de la journée du 15 septembre, au cours de laquelle seront signés à Washington les «accords de la honte» entre Israël et les deux pays du Golfe, celle du Refus. Une «normalisation» qui n'a pas attendu d'être entérinée à Washington, puisqu'elle a été immédiatement suivie par l'ouverture de liaisons aériennes entre Israël et les deux pays du Golfe. Abu Dhabi et Manama ont vu débarquer les délégations d'experts en sécurité et des questions militaires israéliens. Tout cela sous l'œil approbateur de l'Arabie Saoudite qui a autorisé le survol de son territoire par les avions israéliens. On est bien loin, sinon à l'opposé même, du plan de paix du roi saoudien Abdallah, qui appelait, en 2002, à la création d'un Etat palestinien avec Jérusalem-Est comme capitale. Et ce, à partir de la restitution des territoires occupés par Israël en 1967, comme préalable à la reconnaissance par l'ensemble des pays arabes. Mais depuis, les Américains et les Israéliens ont réussi à convaincre l'Arabie Saoudite et certaines monarchies du Golfe de changer de paradigme en leur faisant croire que leur propre sécurité face à l'Iran chiite passait par une normalisation contre nature avec Israël. C'est ce qui fait dire au secrétaire général de l'OLP, Saëb Erakat, qu'il ne s'agit pas d'accords de paix, mais de protection israélienne. Une protection confortée par les Américains, et particulièrement par l'administration Trump, d'avoir plus que jamais la supériorité militaire sur l'ensemble des pays arabes réunis. Aujourd'hui, à la suite des forfaitures émiratie et bahreïnie, il ne s'agit pas tellement de savoir qui sera le troisième larron, mais plutôt le quatrième. Car, en effet, si lors de la présentation, en janvier dernier à Washington, par Donald Trump de son fameux plan de paix, les seuls représentants arabes présents lors de la cérémonie étaient les ambassadeurs des Emirats arabes unis, de Bahreïn et du sultanat d'Oman... il ne faut pas être grand clerc pour deviner quel sera le troisième pays à emboîter le pas aux deux monarchies du Golfe. Mais d'ores et déjà, des informations rapportées par le journal israélien Jerusalem Post font état de l'ouverture prochaine de liaisons aériennes avec le Maroc. Une normalisation mal assumée, comme une maladie honteuse, par le palais royal, qui appréhende plus que tout son opinion publique.