«Décemment» la Ligue arabe ne pouvait garder le silence devant le massacre qui se commettait lundi dernier par l'armée sioniste sur les manifestants pacifiques palestiniens rassemblés sur la ligne de séparation entre la bande de Gaza et le territoire israélien, alors que internationalement s'est élevé un concert de condamnations de cet acte criminel. Mardi, son secrétaire général Ahmed Aboul Gheit a joint en son nom sa voix aux stigmatiseurs de l'Etat sioniste, mais avec une tiédeur qui a fait comprendre à l'opinion internationale que l'organisation qu'il dirige et les Etats qui en sont membres n'iront pas au-delà de la condamnation verbale à l'égard d'Israël. Pour donner le change et l'illusion que la Ligue arabe ne va pas en rester là, l'Arabie saoudite a demandé une réunion « extraordinaire » de son conseil au niveau des ministres des Affaires étrangères destinée selon Ryad à « faire face à l'agression israélienne contre le peuple palestinien et réagir à la décision illégale prise par les Etats-Unis de transférer leur ambassade à Jérusalem ». De cette réunion, il en ressortira certes une condamnation d'Israël, voire même des Etats-Unis contre laquelle ces deux Etats ne se formaliseront nullement car venant d'une Ligue arabe totalement sous la coupe de leurs alliés régionaux qui se devaient de la lui faire prendre afin de ne pas apparaître avoir abandonné les Palestiniens à leur sort. La dureté et la radicalité qui s'exprimeront probablement dans la déclaration finale qui émanera de la réunion « extraordinaire » seront destinées à la consommation des opinions arabes. Le monde quant à lui n'en sera pas dupe sachant que les Etats arabes qui dictent sa position à la Ligue, l'Arabie saoudite et les satellites monarchiques, ont contracté un « deal » sur le dos des Palestiniens avec les Etats-Unis et Israël. La monarchie wahhabite et les émirats de la péninsule Arabique ont acté auprès de Washington et de Tel-Aviv leur lâchage des Palestiniens et de leur cause nationale. C'est en effet un secret de polichinelle qu'ils ont donné leur aval au plan de paix américain que Donald Trump rendra public en juillet prochain. Lequel plan refuse aux Palestiniens tout ce pourquoi ils manifestent et s'exposent aux balles israéliennes. Ce n'est donc pas Ryad qui poussera la Ligue arabe à être solidaire avec les Palestiniens. Il faut au contraire s'attendre à ce que la monarchie saoudienne accentue ses pressions sur les Etats membres récalcitrants à donner leur aval à la trahison qu'elle et ses satellites ont résolu de commettre. L'Algérie qui sur la question palestinienne et d'une manière générale sur tous les conflits et crises qui affectent le monde arabe se démarque des positions de Ryad et de ses féaux est déjà mise sous pression par eux. Leur empressement à prendre fait et cause pour le Maroc qui a provoqué l'Algérie en portant contre elle de grotesques et délirantes accusations en est la démonstration. Pour Ryad qui a consommé la trahison des Palestiniens et a promis à Israël et aux Etats-Unis l'onction arabe à leur plan pour le Moyen-Orient, le refus algérien à la honteuse soumission est un obstacle de taille qu'elle s'essaye à lever en s'en prenant à la stabilité et à la sécurité de l'Algérie avec les moyens pernicieux du soutien aux salafistes wahhabites locaux mais aussi en attisant les tensions entre elle et le royaume alaouite voisin. Sa diabolique machination est à l'œuvre et bénéficie de « l'expertise » israélo-américaine. Quels que soient leur appartenance doctrinale et les différends politiques qui les opposent, les Algériens commettraient une tragique méprise en se prêtant à ce qui viendrait de la monarchie wahhabite et de ceux qui l'ont sous leur coupe.