Trente-deux ans après la promulgation du décret n°88/232 du 5 novembre 1988 portant déclaration des Zones d'expansion touristique (ZET), dont 19 revenaient à la wilaya de Jijel, le ministre du Tourisme, de l'Artisanat et du Travail familial, Mohamed Hamidou, en visite la semaine écoulée, a une fois encore indiqué de dépêcher une commission spéciale regroupant le ministère, l'ANDT (Agence nationale de développement touristique) et les services de la wilaya afin d'assainir la situation, notamment celles qui empiètent sur des terres agricoles. Ce qui étonne, c'est que ce travail avait été annoncé à plusieurs reprises les années passées, notamment par d'anciens ministres du tourisme. On se souvient qu'ici même à Jijel, l'ancien ministre Abdelouahab Nouri avait affirmé en août 2016 qu'«il sera procédé au déclassement d'une bonne partie des 220 ZET que compte le pays», ajoutant qu'on «ne peut continuer à traîner dans nos statistiques un nombre important alors que ces dernières ont subi des empiétements urbanistiques». Il avait par ailleurs affirmé : «Nous sommes déterminés à assainir ce dossier au cas par cas et une commission va faire le constat au niveau des quatorze wilayas côtières du pays.» Qu'est-ce qui a été fait depuis ? S'étendant sur 4 798 ha initialement, elles ont déjà définitivement perdu pas moins de 1264 ha qui ont, soit changé de vocation ou ont été rongés par le béton. La situation ne devrait pas rester en l'état puisque l'assainissement devrait toucher une autre superficie. D'ailleurs, au vu de ces problèmes, l'Assemblée populaire de wilaya avait proposé il y a quelques années le déclassement de 8 ZET sur les 19 instituées. Pour sa part, l'ex-ministre Abdelkader Benmessaoud, en visite dans la wilaya de Jijel en août 2019, nous avait déclaré à propos des ZET dont les études n'étaient pas finalisées : «On va les finaliser d'ici la fin du mois, début mois de septembre.» Les arrêtés relatifs à cette approbation des études ne semblent pas encore signés ou bien ce sont les études qui ne sont pas encore finalisées ! Entre temps, la wilaya qui souffre encore d'un énorme déficit en structures hôtelières, se transforme chaque été – même au temps de la Covid-19 – en un immense dortoir à ciel ouvert, sur les plages, les accotements et autres dégagements le long de la RN43. À défaut de véritable tourisme, la wilaya continue de subir les méfaits d'un «surtourisme» asphyxiant. Advertisements