Vingt-huit ans après la promulgation du décret instituant les Zones d'expansion touristique (Zet), la situation n'a pratiquement pas changé au niveau national, quand le foncier n'a pas été détourné de sa vocation. Cette situation a amené le ministre de l'Aménagement du territoire, du Tourisme et de l'Artisanat, Abdelouahab Nouri, à affirmer devant les opérateurs dans le domaine du tourisme réunis à la salle de délibération de l'Apw de Jijel, jeudi, qu'il sera procédé prochainement au déclassement d'une bonne partie des 220 zones d'expansion touristique que compte le pays. Avec regret, il a indiqué qu'on ne peut continuer à traîner dans nos statistiques un nombre important de Zet alors que ces dernières ont subi des empiétements urbanistiques et, dans la plupart des cas, de manière anarchique. A cet effet, le ministre annonce qu'une décision a été prise au niveau national d'assainir le dossier. A ce titre, dit-il, «j'ai eu à installer une commission nationale qui va sillonner les 14 wilayas du littoral, et ce, au niveau de chaque zone, pour connaître ce que nous comptons réellement aujourd'hui en termes de foncier touristique.» Il ajoute qu'après le décret instituant les ZET de 1988, aucun diagnostic ni évaluation n'a été fait. Et de lâcher qu'il est temps, aujourd'hui, que soit tiré au clair l'état des zones qui pourraient accueillir des investissements touristiques. Une fois le travail de ladite commission achevé, le ministre a annoncé la promulgation d'un décret exécutif annulant celui 1988. Il faut dire que cette situation a été très pénalisante pour certains propriétaires qui ne pouvaient disposer de leurs biens et se sont retrouvés ligotés pendant près de trois décennies. UN DOSSIER À ASSAINIR Pour le deuxième point de sa visite, Abdelouab Nouri a marqué sa déception en écoutant la présentation de l'aménagement de la zone d'expansion touristique d'El Aouana. Le ministre a clairement dit que ce qu'il a vu aujourd'hui «ne présage aucune quiétude». Il est temps, insiste-t-il, de remettre le secteur sur les rails, précisant que «nous n'avons pas besoin de promotion immobilière ou de lotissements sociaux dans une ZET comme celle d'El Aouana où un projet de 14 villas pour les cadres de quelque entreprise», avant d'avertir que «le comité qui donne un accord au niveau du ministère doit rendre des comptes» . Le ministre indique qu'on n'est pas «là pour exécuter des formalités et agréer bêtement des projets à l'emporte-pièce». Et de renchérir : «L'accord doit faire l'objet d'un examen minutieux et argumenté et motivé, sinon pourquoi a-t-on imposé cette procédure ?» Cela, conclura le ministre, «dénote une négligence et un manque d'intérêt qu'on accorde à la gestion des dossiers». Et de promettre de mettre de l'ordre, ajoutant que les projets éligibles, qui méritent d'être accompagnés, seront soutenus et encouragés. Le cas d'El Aouana, l'un des rares sites encore préservé, renseigne aussi sur le peu de souci d'engloutir des dizaines d'hectares dans un espace de grande valeur touristique pour en faire carrément ce qu'on pourrait appeler crûment des «logements» sous couvert d'autres appellations ! Au niveau de ce site, le ministre a clairement montré sa désapprobation de l'étude lancée par la direction du tourisme avec l'Agence nationale du développement du tourisme comme maître d'œuvre, projection qui se fait au détriment de véritables projets touristiques. Ce qui a amené le ministre à constater qu'il y a une inadéquation entre les données officielles et la réalité vécue par la wilaya. «Nous considérons cela comme un manque et un échec dans la gestion du secteur de manière générale. Il ne peut être admis qu'un responsable cache cette situation et on ne peut continuer de parler de 19 zones d'expansion touristique alors qu'en réalité, elles n'existent presque plus. Avec la crise qui secoue le pays, nous avons besoin, aujourd'hui, de nouvelles ressources financières générées par le tourisme, considéré comme priorité nationale, à l'instar de la relance des autres secteurs», a déclaré M. Nouri.