La Commission de décolonisation des Nations unies, également connue sous le nom de 4e Commission, débat actuellement du dossier du Sahara occidental, sur lequel elle se penche depuis 1966 et qui, avec le temps, est devenu l'un des derniers territoires à décoloniser en Afrique. Une fois encore, tous les orateurs qui ont pris la parole ont souligné l'urgence d'organiser le référendum d'autodétermination dans ce pays, ancienne colonie espagnole et aujourd'hui occupé par le Maroc depuis 1975. Certains délégués n'ont pas hésité à interpeller le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, pour lui demander de nommer son représentant spécial pour le Sahara occidental, poste resté vacant depuis 2018 à la suite de la démission de l'Allemand Hörst Kohler, qui a été dégoûté par les atermoiements et l'absence de volonté de paix de la part du royaume du Maroc. Depuis, M. Guterres n'a fait aucun effort pour faire avancer le dossier. Il avait même donné l'impression d'être hostile à la cause sahraouie. Il est vrai qu'il était encouragé dans ce sens par l'attitude négative de Abdelaziz Bouteflika, lequel, dès son arrivée au pouvoir en 1999, a tout fait pour geler le dossier, faisant le jeu du Maroc. Au début de son premier mandat, il avait même exigé des responsables sahraouis de faire des déclarations à la presse, où qu'ils se trouvent. Même sont frère Saïd s'est mis de la partie et se rendait au ministère des Affaires étrangères pour demander à nos diplomates de cesser de parler du Front Polisario. Il a fallu l'accession de Abdelmadjid Tebboune à la Présidence pour que l'affaire du Sahara occidental revienne sur le devant de la scène. Lors du Sommet de Berlin, le nouveau chef de l'Etat avait vertement interpellé le secrétaire général de l'ONU, lui reprochant son hostilité à l'indépendance des Sahraouis. Pour la première fois, M. Guterres a réagi et a rapidement rencontré une délégation du Front Polisario. Il n'est pas sûr qu'il fera de nouveau un geste allant dans le sens de l'application de la résolution 15-14 de 1960 sur le droit à l'autodétermination des peuples. En effet, les Américains sont en train de jouer un jeu trouble. Ils exercent des pressions sur les pays arabes pour les obliger à reconnaître Israël avant le 3 novembre, date de l'élection présidentielle aux Etats-Unis. Donald Trump croit qu'ainsi il engrangera de nouvelles voix nécessaires à sa réélection. L'actuelle administration aurait promis au palais royal de bloquer le dossier sahraoui à l'ONU en échange de l'établissement de relations diplomatiques entre Rabat et Tel-Aviv. Les Marocains ont déjà des relations discrètes et suivies avec Israël. Rien ne les empêchera de sauter le pas. Surtout que le défunt roi Hassan II a joué un rôle capital dans le rapprochement entre Israël et l'Egypte, ce qui avait abouti aux fameux accords de Camp David et à l'établissement de relations diplomatiques entre les deux. On voit mal, dans ce climat, M. Guterres jouer les empêcheurs de tourner en rond et de s'opposer frontalement à l'équipe de Trump. Le dossier sahraoui peut attendre et le secrétaire général veille au grain pour cela. La paix pour le peuple sahraoui n'est pas pour demain. Advertisements