Hörst Kohler, l'envoyé spécial de l'ONU L'envoyé spécial de l'ONU pour le Sahara occidental aura notamment à composer avec un souverain marocain qui nie au peuple sahraoui tout droit à l'autodétermination. La méthode Köhler sera-t-elle assez efficace pour faire bouger les lignes au Sahara occidental? Le représentant personnel du secrétaire général de l'ONU vient de convier les deux parties au conflit et les pays voisins, l'Algérie et la Mauritanie, à des discussions bilatérales. La rencontre doit se tenir en janvier ou en février à Berlin. «L'émissaire personnel du secrétaire général prévoit en janvier et février d'organiser des discussions bilatérales avec les parties et les pays voisins», a indiqué hier un porte-parole de l'ONU. «Il a envoyé des invitations au ministre des Affaires étrangères marocain Nasser Bourita et au secrétaire général du Front Polisario Brahim Ghali, ainsi qu'aux ministres des Affaires étrangères algérien (Abdelkader Messahel, Ndlr) et mauritanien», précise la même source. L'envoyé spécial de l'ONU pour le Sahara occidental aura notamment à composer avec un souverain marocain qui nie au peuple sahraoui tout droit à l'autodétermination. «Aucun règlement de l'affaire du Sahara n'est possible en dehors de la souveraineté pleine et entière du Maroc sur son Sahara, et en dehors de l'Initiative d'autonomie...», avait déclaré Mohammed VI lors de son discours prononcé le 6 novembre 2017 à l'occasion de la célébration du 42ème anniversaire de l'annexion du Sahara occidental. Le souverain marocain a posé ses conditions qui résonnent comme un défi lancé à la face de la légalité internationale. Du secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres et de son envoyé spécial, Horst Köhler, qui a signé sa première visite dans la région au mois d'octobre de l'année dernière. Une fuite en avant pour ignorer toutes les résolutions votées par le Conseil de sécurité, qui garantissent au peuple sahraoui le droit à l'autodétermination. Une bravade à l'adresse de l'Union africaine à laquelle il vient d'adhérer après avoir ratifié son acte constitutif qui impose, pourtant, à ses membres le respect des frontières héritées de la colonisation. Le Front Polisario, qui s'est montré disponible pour reprendre les négociations, a d'ailleurs interpellé le Maroc à ce propos. Dans une déclaration publiée le 19 novembre 2017, le chef de la diplomatie sahraouie Mohamed Salem Ould Salek, a appelé le royaume à respecter ses frontières internationalement reconnues et traiter avec la République arabe sahraouie démocratique (Rasd) et les pays voisins dans le cadre du respect mutuel et de la communauté de destin, insistant sur la nécessité pour l'occupation marocaine d'aller rapidement vers cette démarche. Le pouvoir marocain est, comme il était attendu, resté sourd à cet appel. Cela donne un aperçu de la complexité de la mission qui attend l'envoyé spécial de l'Organisation des nations unies qui espère relancer les négociations entre Marocains et Sahraouis dans l'impasse depuis plus de cinq années. Nommé en janvier 2009, son prédécesseur, Christopher Ross, avait réussi à organiser neuf rounds de pourparlers informels dont le dernier s'est tenu entre le 11 et le 13 mars 2012 aux Etats-Unis, à Greentree, Long Island, près de New York. Sans progrès notoire. Le diplomate américain n'était pas en odeur de sainteté au Maroc. Rabat est allé jusqu'à lui retirer sa confiance de façon unilatérale. Ses déclarations avaient été jugées à l'époque de «partiales et déséquilibrées». «Les comportements contrastés de M.Ross s'écartent des grandes lignes qui ont été tracées par les négociations au Conseil de sécurité. Pour cela, le Maroc a décidé de retirer sa confiance à l'émissaire de l'ONU au Sahara occidental», avait fait savoir le gouvernement marocain au mois de mai 2012. Autrement dit, celui qui n'épouse pas les thèses marocaines ou qui remet en cause la «marocanité» du Sahara occidental est déclaré comme son ennemi et persona non grata sur le territoire chérifien. Hörst Kohler qui est prévenu, avance incontestablement en terrain miné.