Les chefs d'Etat arabes et leurs homologues des pays membres du G8 tiendront, du 17 au 19 mai prochain à Amman, la capitale jordanienne, une conférence sur le commerce et le financement des investissements dans la région du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord (MENA). C'est ce qu'a annoncé un communiqué de la Banque export-import des Etats-Unis, repris vendredi par l'APS. Selon le communiqué, le forum en question examinera les modalités et les moyens permettant d'apporter un financement aux efforts du commerce, de l'investissement et du développement économique dans les pays arabes. Ce rendez-vous sera organisé avec le concours d'organismes de crédit à l'exportation de pays membres du G8 et la Banque américaine d'export-import, qui assurera également le suivi des engagements pris par les chefs d'Etat. Cette rencontre sera-t-elle en mesure de donner le coup de starter à un développement économique arabe durable ? Les pays arabes profiteront-ils de cette opportunité pour approfondir leur coopération économique en mal d'intégration ? Confinés pendant longtemps dans leurs querelles d'ordre politique, les dirigeants arabes n'ont pas accordé assez d'importance à la question économique, reléguée à une position secondaire. Que ce soit dans le cadre de la Ligue arabe ou sur le plan bilatéral, les initiatives et les propositions, peu nombreuses, tendant à insuffler une dynamique à la coopération économique interarabe semblent frappées de léthargie. Résultat : un manque flagrant d'intégration économique entre les pays arabes, une dépendance économique inquiétante à l'Occident et un volume d'échanges interarabe insignifiant, pour ne citer que ceux-là. Selon les spécialistes du Grand Moyen-Orient, les 22 pays membres de la Ligue arabe sont en panne d'idées et de volonté. Pourtant, les moyens humains et matériels ne manquent pas pour faire de « l'ensemble arabe » un bloc économique régional puissant et qui sera en mesure d'affronter les blocs occidentaux. Des sommes colossales d'argent arabe sont déposées dans des banques étrangères. Quelque 1200 milliards de dollars de capitaux du monde arabe sont placés à l'étranger. De quoi propulser l'économie arabe au rang des grandes puissances mondiales. Les pays arabes contrôlent également 60% des réserves mondiales de pétrole et le tiers du gaz, ce qui leur permettra de générer les recettes financières nécessaires pour financer et développer leurs économies internes. La main-d'œuvre jeune et active existe. Des indices permettent une bonne santé économique. Mais la situation réelle est peu reluisante. Elle provoque l'affolement. Les échanges commerciaux interarabes sont infimes. Ils varient entre 7% et 10%. Un taux qui stagne depuis les années 1950. De plus, la place prépondérante de ces échanges est occupée par le pétrole. Le produit intérieur brut (PIB) de tous les pays membres de la ligue est inférieur à celui de l'Espagne avec seulement 700 milliards de dollars pour plus de 20 pays, soit 0,6% du PIB global. Et le PIB par habitant est moins de 2000 dollars, alors que le chômage se situe à hauteur de 25%. De ce fait, une révision de la politique économique des pays arabes s'impose. Un plan d'action effectif doit être élaboré et respecté de tous. Relance économique, entre réalité et chimère Pratiquement à chaque sommet arabe, de celui de l'Egypte (1945) au dernier sommet d'Alger (2005), en passant par la rencontre de Tunis (2004), les responsables arabes multiplient les propositions afin d'enclencher un processus de développement durable. A travers son organe économique, le Conseil économique et social (CES), la Ligue arabe tente de faire mieux tant qu'il est encore temps. Mais en l'absence d'entente et de plan commun pour le développement, les propositions tombent à l'eau ou mettent beaucoup de temps pour se concrétiser. Les Arabes se tournent constamment le dos et préfèrent coopérer avec les pays occidentaux. A titre d'exemple, tous les pays arabes ont conclu des accords d'association avec l'Union européenne (UE). Et la coopération économique avec cet ensemble est très effective. Pour revenir au dernier sommet d'Alger, le CES a élaboré un ambitieux programme d'action. Les experts des 22 nations ont examiné de nombreux dossiers relatifs aux modalités de la réintégration des capitaux arabes déposés à l'étranger dans leurs pays d'origine et la relance d'une Zone arabe de libre-échange (ZALE) qui concernera tous les pays. Cette zone existe déjà et le projet est lancé depuis le 1er janvier 2005. Elle concerne 17 pays, dont 13 du Moyen-Orient et 3 du Maghreb, sans l'Algérie. Selon le secrétaire général de la ligue, M. Amr Moussa, l'Algérie serait en voie d'adhérer à la ZALE et elle aurait présenté les documents nécessaires. L'Algérie, selon M. Noureddine Boukrouh, ministre du Commerce, compte devenir un membre actif de la ZALE. Cette zone, décidée lors du sommet d'Amman (2001), prévoit la suppression des taxes douanières à 100% pour les produits émanant des pays signataires. Toutefois, les problèmes de la redynamisation de cette zone demeurent nombreux. Il s'agit des barrières non tarifaires et de l'absence d'origine des marchandises. Cela empêche la reconnaissance de l'originalité de chaque produit importé d'un pays à un autre. Donner une nouvelle impulsion à l'économie arabe devient plus qu'une nécessité face aux mutations profondes de l'économie internationale en cette ère de mondialisation.