La normalisation avec Israël a été largement débattue au Sommet d'Alger. Alors que l'Etat hébreu construit des murs et des clôtures pour se protéger de ses voisins arabes, l'Oncle Sam tente de jeter les ponts d'un rapprochement entre les frères ennemis. Selon un document publié par le département américain, une conférence de finances d'investissements sera tenue les 18 et 19 mai prochain, à Amman en Jordanie. Elle regroupera la quasi-totalité des pays musulmans et arabes avec Israël en plus et l'Iran en moins. Sur la liste des participants arrêtée par le Département d'Etat, selon le même document, figurent l'Afghanistan, l'Algérie, le Bahreïn, l'Egypte, l'Irak, Israël, la Jordanie, le Koweit, le Liban, le Maroc, Oman, le Pakistan, les Territoires palestiniens (la bande occidentale et Gza), le Qatar, l'Arabie Saoudite, la Tunisie, la Turquie, les Emirats arabes unis, et le Yémen. Il est à remarquer que l'Etat hébreu se fond dans ce conglomérat de pays. Il s'y incruste sans fracas politique. Du coup, les soubassements de cette rencontre d'apparence classique, vont au-delà des objectifs économiques et commerciaux qu'elle s'est fixés. C'est la mise en marche de l'initiative du Grand Moyen-Orient (GMO) hautement stratégique pour les Américains. Et ce faisant, il s'agira d'aboutir à une normalisation sans fracas des Arabes avec Israël. Or, les Arabes ont fait connaître officiellement leur position au sujet de la normalisation avec Israël, lors du dernier Sommet de la Ligue arabe qui s'est tenue à Alger en mars dernier. La résolution du Sommet de la Ligue a demandé à Israël de se retirer «des territoires arabes occupés, y compris le Golan syrien jusqu'à la ligne du 4 juin 1967, et des territoires occupés au Liban Sud», en référence aux fermes de Chebaâ, conformément «au principe de la terre contre la paix». En échange de quoi, les Arabes «considèreront que le conflit israélo-arabe a pris fin et développeront des relations normales avec Israël dans le cadre d'une paix globale». Pour rappel, cette offre des Arabes a été rejetée par Israël estimant que «ce sommet était en retard sur les changements intervenus dans le monde arabe». Mais l'approche américaine pour pacifier la région semble inchangée. Pour l'Oncle Sam, le commerce, les affaires et l'économie peuvent transcender les clivages politiques. Les jalons seront posés lors de la conférence de Oman. Organisée par les gouvernements américain et jordanien en coopération avec d'autres agences de crédit à l'exportation. Il s'agit de l'institution financière américaine, l'Exim-Bank, Overseas Private Investment Corporation, du département des Etats-Unis et de l'Agence du commerce et de développement américain. La conférence rassemblera des responsables de gouvernements d'Afrique du Nord et du Moyen-Orient, des responsables du G8 ainsi que des hommes d'affaires, selon le même document. Les participants examineront des moyens d'augmenter les échanges commerciaux locaux et régionaux et le développement économique. Cette initiative vise à concrétiser les engagements pris lors du sommet du G8 à Sea Island en juin 2004 et du forum sur l'avenir organisé en décembre de la même année au Maroc. «Cette conférence représente un moyen unique pour les gouvernements, les compagnies et les institutions financières de la région à agir l'un avec l'autre avec les principales sources du G-8 des finances publiques et privées et des compagnies multinationales,» a indiqué le président de l'Exim-Bank, Philip Merrill.