Les attentats terroristes sont de plus en en plus circonscrits à des régions qui ont fini par devenir au fil du temps de véritables zones de repli pour les groupes islamistes armés qui, même affaiblis, ont gardé leurs capacités de nuisance. Ainsi, le GSPC, en dépit de l'arrestation, en 2004, d'un de ses stratèges militaires, Amari Saïfi, dit Abderezak le Para, les différentes dissidences qui l'ont tiraillé, l'élimination de son état- major dont son chef suprême Nabil Sahraoui à Béjaïa, en juin 2004 (remplacé par Abou Mossaâb Abdelouadoud, de son vrai nom Abdelmalek Dourkdal), reste du point de vue du nombre et des armements puissant et bien structuré. Il a concentré ses attaques dans trois régions distinctes, mais dont le choix n'est pas fortuit. D'abord la Kabylie où le relief et la situation politique assez complexe ont été pour beaucoup dans l'implantation de plus d'une centaine de salafistes armés dans les massifs montagneux de Boumerdès, Tizi Ouzou, Bouira, Béjaïa, Sétif et même jusqu'à Skikda. Les attaques contre les forces de sécurité, le racket des automobilistes et l'obligation faite (par les terroristes) aux agriculteurs de payer l'impôt sur leurs récoltes sont le vécu quotidien de la population locale, prise entre deux feux : les groupes armés et le banditisme qui évolue dangereusement. Le 3 avril dernier, quatre membres des forces de sécurité (entre gendarmes et gardes communaux) ont été tués lors d'une embuscade tendue à Dellys, wilaya de Boumerdès, alors que trois militaires avaient été assassinés le 31 mars dans une embuscade similaire tendue à leur patrouille, dans la forêt de Boumahni, près de Tizi Ouzou. Plus à l'est, du mont Babor jusqu'à la fin de celui des Aurès, des groupuscules composés d'au moins une centaine d'éléments du GSPC sévissent encore, même si leurs actions restent sporadiques. Ce qui n'est le pas le cas pour plus d'une centaine d'autres qui activent beaucoup plus vers le Sud-Est entre le sud de Biskra, Ghardaïa, jusqu'à Illizi. Cette région, de par son immensité et ses conditions climatiques très difficiles, a poussé le GSPC à faire des alliances avec les contrebandiers pour leur connaissance parfaite du terrain. Selon des sources sécuritaires, une rencontre aurait eu lieu, il y a près d'une année, au nord du Mali, entre Mokhtar Belmokhtar, représentant du GSPC, et des barons de la contrebande. Ces derniers se sont engagés à fournir aux terroristes du carburant et à leur donner une partie du revenu de leurs activités pour l'achat des armes en contrepartie de la sécurité sur les pistes désertiques. Les services de sécurité ont, de tout temps, redouté de telles « alliances » dans la mesure où elles compliquent la lutte antiterroriste et dispersent les forces de frappe. La présence renforcée des unités d'élite de l'ANP dans certaines régions dites stratégiques répond d'ailleurs à cette inquiétude. Parallèlement au GSPC, le GIA, même réduit à une trentaine de membres, ses actions criminelles continuent à faire des victimes. Ce groupe est actuellement circonscrit pour une quinzaine d'entre eux aux zones montagneuses et fortement boisées de Blida, Tipaza, Médéa, Aïn Defla et une quinzaine d'autres à Tissemsilt. Agissant en groupuscules de 5 à 6 éléments, leur mobilité et leur connaissance parfaite de ces montagnes à relief accidenté rendent leur neutralisation assez difficile. Ils ne s'aventurent qu'exceptionnellement en ville où cela fait longtemps qu'ils ont « perdu la bataille ». Les maquis restent leur seul refuge et leurs actions armées sont dirigées essentiellement contre de paisibles bergers. Le dernier attentat qui a coûté la vie à quatorze citoyens sur la route de Larbaâ a été perpétré, selon des sources sécuritaires, par un groupe composé de cinq à six terroristes vêtus d'une tenue militaire (bariolée) et armés, pour certains, de kalachnikovs et pour d'autres de pistolets. Le ministre de l'Intérieur avait affirmé, début janvier, le démantèlement « quasi total » de cette organisation après la neutralisation du groupe d'Alger et de son émir. Pourtant, le nombre des victimes de cette horde ne cesse d'augmenter et les lieux qu'elle a choisis pour frapper n'ont pas changé. En effet, depuis longtemps, les routes reliant Larbaâ à Tablat, Médéa et Berrouaghia ou encore celles de Kherracia et Hmeur El Aïn ont constitué le terrain de prédilection des faux barrages dressés par le GIA. Si certaines ont pu retrouver leur quiétude, celle-ci reste très précaire. Même sporadiquement, les assassins sont toujours revenus sur les lieux du crime. En octobre 2004, seize automobilistes avaient été tués dans les mêmes circonstances dans un faux barrage dressé sur la route reliant Médéa à Berrouaghia. Quelques mois plus tôt, au même endroit, 12 autres citoyens ont été assassinés sur la même route et dans les mêmes conditions. La sécurisation de ces tronçons de la mort est plus que vitale.