L'Espagne et l'Italie ont enregistré ces dernières semaines une baisse des volumes de gaz en provenance de l'Algérie via les différents gazoducs reliant le pays au sud de l'Europe. Les flux auraient baissé de 15 à 30% en Italie et d'un quart environ en Espagne, où une hausse importante des tarifs de l'électricité a été enregistrée en raison de la vague de froid qui frappe le pays. La situation en matière de fourniture d'énergie est plutôt tendue dans les deux pays, qui peinent à trouver les quantités nécessaires auprès d'autres fournisseurs lointains. La démarche est en fait contrariée par la demande exceptionnelle en gaz enregistrée également en Asie, et la flambée des prix sur le marché spot, enhardi par la voracité de la consommation de la Chine et du Japon en proie à une forte vague de froid. Les importations de GNL des deux pays ont atteint, le mois dernier, des niveaux records. Si Sonatrach a justifié, selon la presse espagnole, la baisse de flux de gaz envoyés par les deux gazoducs reliant l'Algérie à l'Espagne par des problèmes au niveau de ces raffineries, des voix s'élèvent, via la presse, en Espagne pour accuser l'Algérie de privilégier le marché asiatique afin de profiter de prix plus attractifs. La presse espagnole évoque aussi l'éventualité de clauses dans les contrats à long terme, signés entre Naturgy et Sonatrach, donnant le droit à l'Algérie de placer son gaz en Asie, lors d'opportunités similaires à celles qui se présentent sur le marché spot depuis quelques semaines. Si aucune information officielle n'a filtré sur l'état des ventes de gaz par Sonatrach à ses partenaires européens, ni sur le contenu précis de l'entrevue accordée, jeudi, par Abdelmadjid Attar à l'ambassadeur d'Italie en Algérie, Giovanni Pugliese – à la demande de ce dernier –, le ministre de l'Energie semble donner des indices sur la stratégie à tracer pour Sonatrach en matière de vente de gaz sur le marché spot. S'exprimant dans une interview accordée à l'agence de presse russe Sputnik, le ministre de l'Energie estime que l'Algérie est un partenaire fiable et a les capacités «de remplir nos engagements internationaux en matière de fourniture en gaz naturel». Il déclare par ailleurs que «la compétition a imposé la vente en valorisation spot, au prix du jour. Cependant, Sonatrach a continué à défendre les cessions à long terme. Les études disent que d'ici à 2025, plus de la moitié des quantités de GNL sera commercialisée sur le marché spot». Pour le ministre Attar, «Sonatrach aurait dû avoir une vision en matière de trading pour s'adapter au marché». «Cette situation fait que nous sommes sur la défensive alors que nous devons être offensifs. Ce n'est que lorsque le GNL américain a commencé à nous prendre des parts de marché en Europe que nous avons compris qu'il fallait réagir», a affirmé le ministre de l'Energie, estimant que «la vision commerciale des cinq prochaines années doit être tracée aujourd'hui». Advertisements