De Pretoria au Kinshasa en passant par Luanda et Maseru, le chef de la diplomatie algérienne a enchaîné les rencontres et les entretiens avec des dirigeants africains. Le ministre des Affaires étrangères, Sabri Boukadoum, s'est rendu, ces deux dernières semaines, dans plusieurs Etats africains. De Pretoria au Kinshasa en passant par Luanda et Maseru, le chef de la diplomatie algérienne a enchaîné les rencontres et les entretiens avec des dirigeants africains. L'Afrique du Sud a été la première destination de Sabri Boukadoum qui s'attelle visiblement à renforcer l'axe Alger-Abuja-Pretoria, à l'origine, notamment, du lancement du nouveau partenariat pour le développement de l'Afrique, Nepad en l'occurrence, en 2001. Un choix tout à fait naturel, lorsque l'on connaît l'amitié qui lie les deux Etats. Sabri Boukadoum s'est rendu par la suite au Lesotho, en Angola, au Kenya, en République démocratique du Congo (RDC) et en Libye. Il a également eu, lors de cette tournée, des échanges avec d'autres responsables africains du même rang, à l'instar du ministre des Affaires étrangères soudanais avec lequel il s'est entretenu au Kinshasa. Avec ses homologues africains, M. Boukadoum a abordé la situation sécuritaire dans le continent marquée par des foyers de tensions, notamment en Libye, au Sahara occidental et dans les régions du Sahel, du Centre et de la Corne de l'Afrique. Il a aussi insisté sur l'importance de parler d'une seule voix pour la réforme du Conseil de sécurité que l'Algérie remet sur la table, afin que l'Afrique puisse être dignement représentée. Le périple africain du MAE constitue un prélude au 34e sommet de l'Union africaine, prévu les 6 et 7 février à Addis-Abeba. Un sommet ordinaire qui intervient dans un contexte de tensions multiples entre plusieurs Etats membres, à l'instar du conflit sur le partage des eaux du Nil qui mine les relations entre l'Ethiopie, le Soudan et l'Egypte. Il intervient aussi en pleine reprise du conflit armé au Sahara occidental. Les responsables sahraouis ont appelé ces derniers mois l'UA à prendre des mesures fermes contre le Maroc pour avoir transgressé, en novembre 2020, le cessez-le-feu en vigueur depuis 1991. Il faut préciser que le Maroc a réintégré en 2017 cette organisation africaine de laquelle il s'était retirée en 1984 pour protester contre l'admission en son sein de la République arabe sahraouie démocratique (RASD). L'enjeu est donc capital pour l'Algérie et d'autres pays africains qui soutiennent la cause sahraouie et s'échiner à libérer le dernier territoire colonisé d'Afrique. Si le Maroc compte sur ses amitiés avec certains pays de l'Afrique de l'Ouest, l'Algérie, qui soutient le processus onusien pour le règlement de ce conflit, mise sur ses relations privilégiées avec des Etats pivots comme l'Afrique du Sud. Mais pas seulement. L'Algérie s'active à consolider ses relations avec de nombreux Etats du continent. Après une période d'absence due au contexte politique interne, la diplomatie algérienne reprend ainsi l'initiative en Afrique et tente de retrouver son âge d'or en intensifiant le dialogue avec plusieurs pays notamment de l'Afrique anglophone. Quatre ans après avoir rejoint le groupe des pays amis de la Communauté économique des Etats de l'Afrique centrale (CEEAC), déjà composé des Etats-Unis, de la Chine, de l'Allemagne, du Japon, de la France, de l'Espagne, de l'Italie et de la Turquie, l'Algérie se rapproche davantage de pays comme l'Angola, le RDC, le Ghana et la Guinée-Bissau. D'ailleurs, M. Boukadoum a reçu au début du mois courant l'envoyé spécial du président ghanéen, Nana Addo Dankwa Akufo-Addo, avec lequel il a passé en revue les derniers développements en Afrique. Des consultations régulières sur les questions régionales et internationales ont été instaurées afin de renforcer la coopération diplomatique entre les deux pays dans le règlement des conflits en Afrique. Outre la question du Sahara occidental, le conflit sur les eaux du Nil, la lutte contre le terrorisme et la pauvreté au Sahel, l'Algérie est très active ces derniers mois sur le dossier libyen. M. Boukadoum a rencontré le jeudi 28 janvier le président de la chambre des députés, Hamouda Siala et bien d'autres responsables libyens, avec lesquels il a abordé le processus de règlement politique de la crise, mené à travers la mission onusienne. Encerclée par des zones de conflits, l'Algérie veut par son action diplomatique ramener à nouveau la stabilité dans les pays frontaliers mais aussi reprendre sa place en tant que le plus grand pays d'Afrique. Pour ce faire, elle doit contrer les desseins hostiles du régime marocain qui a intensifié ses provocations envers l'Algérie au cours de ces dernières années. Mais ces efforts seront-ils suffisants pour rendre ses lettres de noblesse à la diplomatie algérienne après une longue absence du continent ? Advertisements