Il est des immeubles où les opérations de toilettage sont périodiques, pendant que d'autres immeubles n'en profitent jamais. C'est le cas de la tour «Carignan», sise au 13 rue Ouled Sidi Cheikh (ex-Jean Jaurès) à El Harrach. Eu égard à la vaste opération de réfection qui a touché la majorité du parc de logements de la commune, cette tour datant de l'époque coloniale et dont le décor n'est guère enviable est étonnement abandonnée à son triste sort, tant la vétusté a gagné les moindres recoins de ses parties. «Nous avons frappé à toutes les portes, à savoir les services de l'apc ainsi que l'OPGI dont dépend notre site, en vain. D'ailleurs, la direction de l'OPGI a été destinataire de plusieurs courriers de notre part qui sont restés sans suite», a expliqué le collectif des habitants au quotidien El Watan. Cette tour lézardée, qui s'élève sur dix étages, et qui abrite 44 locataires, n'a curieusement pas connu de réhabilitation depuis 40 ans. La dernière en date, s'en souviennent ses habitants, remonte à 1981. Selon les plaignants, il ne s'agit pas seulement d'un ravalement de façade qu'il faut, mais «d'un vrai travail de fond». Situé pourtant sur la grande voie mitoyenne à la RN5, cet édifice s'effrite à vu d'œil et constitue un risque permanent pour les usagers de la route. Des morceaux d'immeuble se détachent, mettant en danger la vie des citoyens. «Des passants ont failli passer de vie à trépas à cause de fragments de balcons qui tombent tels une épée de Damoclès. Les autorités locales ont été maintes fois alertées sur ce problème» et d'ajouter : «Il ne se passe pas un hiver sans qu'un balcon ne cède sous l'effet des eaux pluviales», témoigne le collectif. A l'intérieur des immeubles, l'état des lieux n'est guère reluisant. Les cages d'escalier sombres et insalubres amorcent un parcours sinueux et improbable. Pour atteindre les appartements des étages supérieurs, il faut nécessairement franchir ces escaliers accrochés aléatoirement aux murs, d'où pendent des fils électriques et des toiles d'araignée. Ce qui reste d'un ascenseur dissimule un enchevêtrement de ferraille rouillée. «Cela fait 30 ans que cet ascenseur est en panne. On nous a toujours promis de le réparer, mais sa remise en marche n'est pas pour demain», se désole un habitant du 10e étage. Cette situation renseigne sur la démarche des pouvoirs publics dont la consistance se limite à prendre en charge seulement «ce qui saute au yeux», c'est-à-dire la devanture du centre-ville, le reste est relégué au second plan. Gagnés par la phobie des effondrements, les habitants de cette cité alertent une énième fois les pouvoirs publics. «Un plan d'urgence s'impose pour notre site avant qu'une catastrophe ne survienne», lancent-ils. Advertisements