L'emploi qu'il soit direct ou indirect, les rentrées d'argent et le transport de marchandise. Ces trois éléments ont été gravement impactés par la situation que vit le secteur de l'automobile depuis 2016. Avec l'arrêt de l'importation qui est arrivé brusquement, certains opérateurs ont essayé de survivre tant bien que mal, afin de garantir une certaine stabilité économique même si elle était déguisée. Ces derniers proposent jusqu'à présent et uniquement des services d'entretien dans des ateliers qui correspondent à l'ancien et au nouveau cahier des charges et pour toutes marques confondues, dans le but de garantir les salaires des employés. En faisant ceci, ces opérateurs jouent la carte du social et essayent malgré eux de préserver les emplois qui sont en jeu, pour le peu d'employés qui restent. Les conséquences de cette crise sont graves. A qui la faute ? à un cahier des charges élaboré à partir de l'ancien cahier établi par un certain Bouchouareb, alors même que celui-ci est plus en adéquation avec le secteur que le nouveau ? est-ce à cause de la crise économique que traverse le pays depuis plusieurs années et qui touche l'ensemble des secteurs ? ou est-ce à cause d'une bureaucratie qui joue au poids mort pesant ainsi de toute sa masse sur des épaules chétives d'opérateurs qui ne savent plus s'ils doivent appliquer l'ancien cahier des charges, étant donné que leurs agréments sont toujours valides, ou se conformer au nouveau auquel ils répondent tous ? ou doivent-ils appliquer l'article 50 du décret exécutif 20-227 de Aït Brahem qui précise que les concessionnaires déjà en activité doivent souscrire au nouveau cahier, ce qui signifie qu'ils n'ont qu'à se mettre en conformité et commencer le travail. Le citoyen blâme l'opérateur qui perd de l'argent plus qu'il n'en gagne et se demande où sont ces opérateurs et qui sont-ils ? Et alors que tout espoir semble perdu, le président de la République jette un pavé dans la mare dimanche soir en avouant que l'industrie automobile en Algérie est un fiasco total qui a fait perdre des milliards de dollars, que l'activité va reprendre et que l'industrie reprendra également. Les conséquences de l'arrêt Actuellement, où en est l'opérateur ? où en est l'activité professionnelle qui souffre du manque de véhicules utilitaires ? Quand le véhicule utilitaire va bien, l'économie va bien ! Cette phrase, que Ford a dit un jour, résume la situation d'un pays. Le parc automobile algérien se dégrade continuellement et le parc utilitaire n'est plus que l'ombre de lui-même. Les nombreux fourgons, comme le Renault Master et le Volkswagen Crafter tombent en panne à longueur de journée, faisant le malheur du propriétaire qui n'arrive pas à trouver un chargement et faisant le bonheur du vendeur de pièces de rechange qui vend sa marchandise au prix fort. Selon les estimations, un véhicule utilitaire est générateur de trois emplois directs et de 4 indirects. Grâce aux pick-ups, fourgons, camions et autres engins, l'économie arrive à fonctionner, car ces derniers transportent des personnels qualifiés, denrées, matières premières. Servent aussi dans la construction du bâtiment, l'entretien des routes et de nombreux autres secteurs. A l'heure actuelle, en se basant sur les propos de certains opérateurs, il serait plus favorable pour l'Algérie d'ouvrir l'importation pour le véhicule utilitaire, ou importer environ 150 000 véhicules de travail, toutes tailles confondues. Ces derniers permettront la relance de l'économie et seront créateurs d'emplois. Toujours selon les informations que les opérateurs ont communiquées, 150 000 véhicules utilitaires enfanteront environ 600 000 emplois. Un chiffre important, alors que le chômage ne cesse d'augmenter. Cependant, l'automobile sera importée, mais il faudra se délimiter à des citadines compactes comme Fabia, Ibiza, Fiesta. Des véhicules tri-corps peu coûteux et oublier le segment Premium. Mais quand ? Le président Teboune, lors de sa dernière rencontre avec la presse nationale, a annoncé que le problème sera réglé avant la fin du premier semestre, faisant une promesse qui joue gros dans l'esprit des opérateurs qui étaient déjà actifs et qui ont vu leur activité réduite à l'arrêt. Ces derniers ont même annoncé que d'ici la fin du mois sacré du Ramadhan, s'il n'y a aucune information concrète, «nous serons obligés de déposer la clé sous le paillasson définitivement et de renvoyer le personnel chez lui», dit un importateur. Notre interlocuteur, très préoccupé, précise aussi que l'ensemble des concessionnaires et lui n'arrivent plus à payer les salaires et sont contraints de réduire constamment leur masse salariale. «En ce moment, nous garantissons une paix sociale, mais jusqu'à quand ?», s'indigne notre interlocuteur. Il mentionne aussi avec colère, que certaines maisons mères ont résilié leurs pré-contrats avec des opérateurs algériens en raison du brouillard qui domine, alors que ces derniers remplissent les conditions à 100% du cahier des charges. «Nous sommes en faillite ! l'Etat doit libérer les choses le plus tôt possible», fustige notre source. Montage VS importation Comme l'a dit le président Teboune, le montage est un véritable fiasco financier. Les chiffres sont accablants. A partir 2014, avec l'arrivée de l'usine de montage Renault à Oran, jusqu'en 2019 avec les Tahkout et Oulmi, le secteur n'a pas fait le boom attendu. En 5 années seulement, 450 000 véhicules ont été produits, ce qui correspond à une demande annuelle pour le marché algérien. En 5 années, 12 milliards de dollars ont été perdus et seulement 10 000 emplois ont été créés. Par ailleurs, les caisses du Trésor public ont perdu la coquette somme de 4,5 milliards de dollars. Une véritable catastrophe économique pour le pays. Pour remédier à ce problème, le président Teboune a annoncé que le montage automobile ne peut pas continuer ainsi en Algérie. Il assure que d'ici la fin du premier semestre, le problème sera réglé. Il a aussi affirmé qu'il va y avoir un véritable taux d'intégration qui devrait avoisiner les 40%. Un chiffre important, alors que les usines activant dans ce secteur en Algérie sont assez rares et devront répondre au cahier des charges du constructeur auquel ils devront honorer des commandes. Alors 40% en 5 ans, est-ce possible ? Marche arrière Avant le crash du secteur de l'automobile et pour comprendre ce qui est arrivé à ce secteur stratégique en Algérie, il faut revenir en arrière, lorsque Bouchouareb a été nommé ministre de l'industrie et des mines en mai 2014. Dès cette promotion obtenue, ce dernier a directement confectionné un cahier des charges pour l'importation et un second pour le montage. Ce fut par la suite une occasion parfaite pour ne plus renouveler les licences pour certains et redistribuer les marques au profit d'autres. L'on peut maintenant comprendre l'aventure du montage avec les 5+5, décidé en janvier 2018 par l'ancien Premier ministre, Ahmed Ouyahia, en figeant le nombre à 5 sociétés pour le véhicules particuliers et 5 pour les véhicules industriels. En quelques mois, les hangars de montage produisaient des dizaines de modèles à partir des importations par conteneurs connues sous l'appellation kits SKD, dont le prix coûtait 15% de plus, que le véhicule importé autrefois par les anciens concessionnaires. La raison à cela était que le véhicule était monté par le constructeur dans ses usines puis démonté partiellement par des sociétés spécialisées en SKD. Le coût moyen par unité serait de l'ordre de 1500$. Tous les véhicules étaient exonérés de toutes les taxes, droits de douanes TVA, TVN (taxe sur véhicule neuf). Malgré tous ses avantages, le prix du véhicule revenait plus cher que l'importation par des concessionnaires en s'acquittant de toutes les taxes. Cette folie du montage a coûté 8 milliards de dollars, dont 45% des différentes taxes non perçues par le Trésor. Le même montant aurait permis d'importer 600 000 véhicules répartis sur 4 ans à raison de 150 000 véhicules par an au prix moyens de 12 000 $ et en maintenant les 20 000 emplois créés par la vingtaine de concessionnaires et les centaines d'agents agréés répartis sur les 48 wilayas. Advertisements