Jacques Chirac entre de plain-pied dans la campagne référendaire sur la Constitution européenne jeudi soir lors d'un débat sur TF1, une intervention dont les modalités soulèvent une vive polémique dans le milieu médiatique. « Que penser du fait que TF1 ou le service de presse du chef de l'Etat n'ait pas jugé utile d'inviter un ou plusieurs journalistes politiques, alors que cette émission sera un rendez-vous politique majeur », interrogent les sociétés des journalistes de France 2, France 3 et M6 qui ont interpellé lundi le Conseil supérieur de l'audiovisuel (CSA). Le débat de jeudi sera présenté par Patrick Poivre d'Arvor avec la participation des animateurs Jean-Luc Delarue (France 2), Marc-Olivier Fogiel (France 3) et Emmanuel Chain (M6). Les sociétés des journalistes de France 2, France 3 et M6 avaient protesté dès vendredi soir contre « le triomphe du marketing politique et de l'information spectacle au mépris du journalisme ». Lundi déjà, les sections SNJ-CGT de France Télévisions se sont déclarés « indignées » de l'organisation de ce débat et ont demandé au PDG de TF1, Marc Tessier, d'« imposer des journalistes du groupe à ce débat ». Le directeur de l'information de TF1, Robert Namias, a estimé lundi que le débat entre le président Chirac et 80 jeunes, avec la participation d'animateurs vedettes, était une façon d'« intéresser le maximum de Français » au référendum sur la Constitution européenne. Il a ajouté que « Poivre d'Arvor, avec son expertise et sa compétence reconnues, sera là durant toute l'émission, et il la recadrera quand ce sera nécessaire ». « La carte de presse ne donne ni la garantie du talent ni la compétence pour animer un prime-time », a-t-il encore dit. Et de souligner que TF1 diffusera, le 9 mai en début de soirée, un débat où les leaders de quatre formations politiques favorables au « oui » affronteront les leaders de quatre mouvements partisans du « non ». Le président Chirac devra convaincre les Français de voter positivement pour la Constitution européenne d'autant que les sondages effectués à ce jour donnent le « non » gagnant (entre 51 à 55%) au référendum du 29 mai. Le dernier de ces sondages réalisé par Ipsos pour Europe 1 et Le Figaro relève que le « non » l'emporterait avec 53% des intentions de vote. Six sondés sur dix précisent qu'il s'agit de leur choix définitif, 19% pensent qu'ils peuvent encore changer d'avis. L'hostilité au traité progresse aussi chez les électeurs de la majorité. Le « non de droite » gagne 6 points en une semaine et représente maintenant un tiers de l'électorat de la droite parlementaire (34%).