Le président iranien, Hassan Rohani, a déclaré hier que les négociateurs de son pays poursuivraient les pourparlers avec la Chine, la Russie, la Grande-Bretagne, la France et l'Allemagne jusqu'à parvenir à un accord, rapporte l'agence iranienne Fars. Il aussi indiqué que les sanctions américaines n'ont pas été en mesure d'arrêter les progrès de l'Iran dans différents domaines économiques et industriels. «Les chiffres de croissance de la production dans divers secteurs industriels du pays sont la meilleure preuve de l'inutilité de la politique américaine de pression maximale et cela les a obligés à admettre l'échec de ces politiques. Et compte tenu des récentes discussions à Vienne, ils ont déclaré explicitement leur volonté de lever les sanctions conformément à l'accord sur le nucléaire», a affirmé le président Rohani, lors de la 227e réunion du siège de la Coordination économique du gouvernement à Téhéran. Et d'ajouter : «Nous continuerons les négociations (à Vienne) jusqu'à ce qu'un accord final soit atteint.» Un peu plus tôt dans la journée, le président du Parlement iranien, Mohammad Qalibaf, a indiqué que l'accord de surveillance des activités nucléaires de l'Iran, conclu entre Téhéran et l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) il y a trois mois, a expiré samedi. «Depuis le 22 mai et avec la fin de l'accord de trois mois, l'agence n'aura aucun accès aux données collectées par les caméras à l'intérieur des installations nucléaires», a-t-il soutenu. En revanche, la télévision publique iranienne a cité une source gouvernementale selon laquelle l'accord pourrait être prolongé d'un mois «sous condition». Selon Mohamed Baqer Qalibaf, le guide suprême de la République islamique, Ali Khamenei, a soutenu la décision de ne pas prolonger l'accord avec l'agence onusienne. «Cela a été débattu hier et la décision a été prise. La loi adoptée par le Parlement sera appliquée. Le guide suprême a souligné l'importance de cette question», a dit le président du Parlement iranien. Jeudi, l'AIEA a fait état de discussions avec l'Iran pour préserver un maintien de la surveillance des installations nucléaires et permettre ainsi aux négociations destinées à sauver l'accord de 2015 de se poursuivre. «L'Agence et l'Iran sont actuellement en consultations», a indiqué dans une brève déclaration ladite agence. Son directeur général, Rafael Grossi, a annoncé le 21 février la conclusion avec la République islamique d'un «accord bilatéral technique» d'une durée de trois mois afin de «maintenir un degré nécessaire de surveillance et de vérification». Il s'est auparavant rendu en urgence à Téhéran pour tenter de trouver une solution avant que n'entre en vigueur une nouvelle loi limitant les inspections de ses agents sur le terrain. De butoir en butoir L'Iran s'est notamment engagé à fournir l'ensemble des données des caméras et autres outils, si les sanctions américaines sont levées à l'issue de la période. Mais ce pacte arrive à terme, alors que les Européens qui négocient à Vienne ont appelé Téhéran à le prolonger en attendant de parvenir à un résultat. En 2018, le président américain Donald Trump s'était retiré unilatéralement de l'accord de 2015 sur le nucléaire iranien, signé à Vienne par la République islamique et le Groupe 5+1 (Etats-Unis, Russie, Grande-Bretagne, France, Chine ainsi que l'Allemagne). Cet accord prévoyait, notamment, l'arrêt du programme nucléaire iranien en échange d'une levée des sanctions. En se retirant de l'accord, les Etats-Unis ont imposé de nouvelles sanctions à Téhéran pour asphyxier son économie. Le 1er juillet 2019, Téhéran déclare avoir dépassé la limite de 300 kg imposée par l'accord à ses réserves d'uranium faiblement enrichi. Le 7, l'Iran confirme avoir commencé à enrichir l'uranium à un degré supérieur à la limite de 3,67% contenue dans l'accord. Actant l'échec d'une médiation, l'Iran décide, le 4 septembre, une nouvelle réduction de ses engagements, en faisant sauter toute limite à la recherche et au développement dans ce domaine. Le 7, il met en route des centrifugeuses avancées, dont la production augmentera son stock d'uranium enrichi, mais assure qu'il continuera à autoriser le même accès aux inspecteurs onusiens chargés de surveiller son programme nucléaire. Le 5 janvier 2020, Téhéran annonce la «dernière phase» de son plan de réduction de ses engagements, affirmant qu'il ne se sent désormais plus tenu par aucune limite «sur le nombre de ses centrifugeuses». Il indique néanmoins que «la coopération de l'Iran avec l'AIEA se poursuivra». Le nouveau président américain, Joe Biden, veut revenir dans l'accord. Il a conditionné, néanmoins, cette décision à un retour préalable de l'Iran au respect strict de ses engagements, dont il a commencé à s'affranchir en riposte aux sanctions américaines. De son côté, Téhéran demande avant tout la levée des sanctions et le respect par Washington de toutes ses obligations. Début février, le guide suprême iranien, l'ayatollah Khamenei, a déclaré que son pays «a rempli toutes ses obligations dans le cadre de l'accord nucléaire de 2015, pas les Etats-Unis et les trois pays européens (Allemagne, Grande-Bretagne, France, ndlr)... S'ils veulent que l'Iran revienne à ses engagements, les Etats-Unis doivent d'abord lever toutes les sanctions». Advertisements