Excédés par une situation d'attente pénible et angoissante qui dure depuis quatre ans, les indus-occupants des 199 logements Cnep, sur les 276 que compte la cité sise au lotissement Aït Saïd à Akbou, n'ont pas cessé de taper à toutes les portes en vue d'une hypothétique régularisation de leur situation. Une régularisation qui leur permettrait d'engager des travaux de finition dans ces appartements vacants qu'ils ont squattés en juin 2001 après que les unités aient été en partie dévastées lors des évènements de Kabylie. Du directeur de la Cnep au président de la République, en passant par le chef de daïra et le P/APC d'Akbou, toutes les instances concernées de près ou de loin ont été saisies par le comité de cité pour intervention ou arbitrage. Seule l'agence Cnep de Béjaïa leur a renvoyé sa dialectique commerciale en guise d'écho, en les sommant de s'acquitter du prix de cession des appartements occupés. Ce qui laisse donc déduire que leurs status d'indus-occupants peut être contourné. « Nous sommes prêts à régler la somme initialement fixée pour ces logements (780 000 DA le F3) à condition qu'ils nous accordent des facilités de payement. Nos statuts de journaliers pour la plupart et de chômeurs pour certains ne nous permettent pas de souscrire à la demande de crédits hypothécaires, faute de justificatifs de revenus et d'attestation de domiciliation de salaire dans une agence Cnep », fait remarquer Madjid Salhi, le président du comité de cité. « Nous ne comprenons toujours pas comment ces logements construits dans les années 1980 grâce à un don émanant de la Croix-Rouge suisse, et par conséquent destinés aux démunis se retrouvent sous la coupe de la Cnep. Voilà une cité délabrée qui a été abandonnée depuis quinze ans et que l'on veut nous vendre à raison de 1 380 000 DA le F3 », ajoute notre interlocuteur. Erigée sur un terrain gorgé d'eau, cette cité qui a longtemps servi de lieu de débauche, pour avoir été délaissée durant les années 1990, est aujourd'hui dans un piteux état : vides sanitaires inondés par les eaux usées faute de réseaux d'assainissement, murs fissurés, boiseries saccagées, plomberie arrachée, fils électriques dénudés et absence d'accès pour certains blocs d'habitation résument le décor dans lequel vivent les occupants, fussent-ils indus. Malgré ce tableau très sombre et la majoration des prix de cession, certains pères de famille, à l'image de Sadek, C. tentent de postuler à l'achat de leur appartement « en plus des frais consentis pour retaper les lieux, j'ai réussi à verser une première tranche de 280 000 DA grâce à la pension de ma femme, fille de chahid », dira-t-il. Les pouvoirs publics iront-ils jusqu' à user de la force pour déloger ces dizaines de familles après leur avoir fait miroiter la possibilité d'une régularisation ?