La liste des membres du nouveau gouvernement mené par le Premier ministre, Aïmen Benabderrahmane, a été rendue publique hier et connaît notamment le retour de l'ancien ministre des Affaires étrangères sous Bouteflika, Ramtane Lamamra, sans doute avec la mission de redynamiser la diplomatie algérienne dans un contexte régional en mouvement. La présidence de la République a annoncé, hier, la composition du gouvernement d'Aïmen Benabderrahmane, nommé comme Premier ministre il y a une semaine. Outre le fait que ce dernier a hérité également du département des Finances, cumulant ainsi les deux postes, les plus importants changements concernent les ministères des Affaires étrangères et de la Justice. A cet effet, c'est Ramtane Lamamra qui est désormais le chef de la diplomatie algérienne en lieu et place de Sabri Boukadoum, dont le nom avait circulé, au lendemain des législatives du 12 juin, pour remplacer Abdelaziz Djerad. Par ailleurs, le département de la Justice est revenu à Abderrachid Tebbi, premier président de la Cour suprême, qui remplace Belkacem Zeghmati dont le départ n'était pas attendu. Dans un gouvernement réduit de quelques ministères par rapport au précédant, la part des membres de l'Exécutif issus des partis politiques et groupe des indépendants sortis victorieux des récentes législatives n'est finalement pas prépondérante. Exception faite pour le Mouvement de la société pour la paix (MSP), arrivé à la troisième position à l'élection du 12 juin, qui avait refusé de prendre part au gouvernement, tous les autres (FLN, indépendants, RND, El Moustakbal et El Bina) avaient exprimé leur prédisposition à y participer. Ainsi, beaucoup de ministres du gouvernement Djerad ont été maintenus à leur poste, à l'image de ceux de l'Intérieur, Kamel Beldjoud, du Commerce, Kamel Rezig, de la Santé, Abderrahmane Benbouzid, de la Communication, Ammar Belhimer, de l'Energie, Mohamed Arkab, ou bien celui de l'Industrie pharmaceutique, Lotfi Benbahmed. En somme, les postes-clés ont été attribués à des technocrates. Changement d'approche ? Le président du MSP, Abderrazak Makri, avait expliqué la position de son parti de ne pas participer à ce gouvernement par le fait que ce qui lui a été proposé était «en deçà de ses attentes». C'est le retour surtout de Ramtane Lamamra qui est à signaler. Celui-ci a déjà eu à occuper ce poste entre 2013 et 2017. Il y revient, en mars 2019, mais en tant que vice-Premier ministre, c'est-à-dire moins d'un mois après le début du hirak. Mais ce passage ne dure que quelques jours. Il est de notoriété que Lamamra est «appelé à la rescousse» lorsque la situation sur le plan régional est délicate. L'autre départ largement commenté par les Algériens est celui de Belkacem Zeghmati : arrivé à la tête du ministère de la Justice en mars 2019, son passage a été marqué par la gestion du dossier des affaires de corruption, touchant les proches et des ministres de l'ancien président Abdelaziz Bouteflika, mais aussi par un durcissement de l'arsenal juridique, considéré par des avocats et défenseurs des droits de l'homme comme attentatoire aux libertés. Des dizaines d'arrestations d'activistes et de militants ont eu lieu également. Son remplacement par Abderrachid Tebbi annonce-t-il un changement d'approche ? Trop tôt pour le dire, même si certains attribuent à ce dernier une attitude opposée à celle du ministre partant. Dans tous les cas de figure, globalement, et hormis pour les cas des départements de la Justice et des Affaires étrangères, les autres ministres «importants» sont maintenus dans le gouvernement Aïmen Benabderrahmane. Advertisements