Après une courte période consacrée à l'évaluation, l'observation et l'analyse du fonctionnement du secteur qui lui a été confié par le président de la République, il y a quelques semaines, le nouveau ministre de la Jeunesse et des Sports (MJS), Abderrazak Sebgag, a mis le pied à l'étrier comme l'attestent les actions qu'il a initiées au cours des derniers jours. D'abord, il a commencé par pointer du doigt une catégorie des cadres de son département. Dans les annales du mouvement sportif national (MSN) c'est la première fois qu'un ministre dénonce publiquement des cadres du MJS, sans les citer nommément, bien sûr, et leur fait porter le chapeau dans certaines débâcles du sport algérien. Cette version est largement partagée par une partie de l'opinion sportive et publique. Que préconise-t-il pour remédier à cette situation ? Il faut attendre les faits pour savoir s'il joindra la parole aux actes, sans verser dans la politique de la chasse aux sorcières pour gagner l'estime et le respect de l'opinion. Le deuxième acte fort est l'invitation lancée aux athlètes qui ont participé aux Jeux olympiques de Tokyo 2020 pour venir s'asseoir autour d'une table et discuter sereinement de tous les aspects liés à la participation algérienne aux Olympiades de Tokyo. Le ministre veut entendre les athlètes pour dresser un bilan objectif pour se projeter sur l'avenir. Là aussi c'est une première. Il est de tradition qu'après une compétition (zonale, continentale, mondiale) on n'entend qu'un seul son de cloche. Celui des dirigeants, responsables, techniciens, mais jamais celui des athlètes. Abderrazak Sebgag a innové. Sa dernière action est sans nul doute la plus importante puisqu'elle a trait à la corruption sous toutes ses formes dans le sport. C'est un poison qui gangrène le secteur depuis des décennies. Des acteurs du sport n'hésitent pas à le qualifier de « corps totalement métastasé » par la corruption. C'est courageux de sa part de s'attaquer frontalement à ce fléau qui a pris des proportions inquiétantes et monstrueuses faute d'une volonté sincère de le combattre. Pour mener cette action, le ministre de la Jeunesse et des Sports veut s'appuyer sur l'organe national de la prévention contre la corruption. A ce titre, il a rencontré le président de cet organe Tarek Kour et a convenu avec lui de réactiver la convention signée entre les deux parties le 8 juin 2020 pour encourager et renforcer la bonne gouvernance dans le sport. Il a mis en garde toutes les parties concernées et a exhorté les fédérations à prendre garde. Dans le sillage de la mise en garde il a cité quelques fédérations qui seront placées sous la loupe des services concernés par la lutte contre ce fléau. Abderrazak Sebgag a sollicité l'aide et la collaboration de tous les acteurs du mouvement sportif national et compris les médias pour être des lanceurs d'alerte. C'est un beau programme mais qui devra être confronté à la dure réalité du terrain. Il n'a pas dit si les lanceurs d'alerte seront protégés et comment. Pour gagner la confiance de tous, il devra, lui le premier, donner des gages sur la sincérité de son engagement et la farouche volonté de détruire les nombreux écueils qui seront dressés sur son chemin et devant son ambitieux projet. Le test de vérité serait qu'il reprenne en main l'affaire de l'enregistrement sonore, mettant en cause deux acteurs du football, qui aurait été classée sans suite. L'affaire a été étouffée dans l'œuf. Le ministre de la Jeunesse et des Sports serait inspiré de revenir sur cette affaire qui n'a jamais livré ses secrets, même si la corruption est un délit imprescriptible. Advertisements