Si les feux de forêt sont nocifs pour l'environnement, leur fumée l'est aussi pour la santé des personnes. En effet, les particules fines provenant des feux de forêt sont plus nocives pour l'humain que les autres sources de pollution particulaire. Ce sont en tout cas les conclusions d'une première étude, datant de janvier 2021, et réalisée par des chercheurs de l'Université de Stanford au Etats-Unis qui a mis l'accent sur la dangerosité des émissions des feux de forêt. Une autre étude, publiée en mars 2021, toujours aux Etats-Unis, montre que les particules issues des feux de forêt sont plus dangereuses pour la santé que celles issues des autres sources de pollution comme les véhicules par exemple. A cet effet, M. Farid explique que le premier critère de dangerosité accrue des particules issues des feux de forêt est relatif à leurs tailles. A savoir qu'un nombre significatif de ces particules possède un diamètre inférieur à 2.5 micromètres et à 1 micromètre. Selon le chercheur, ce type de particules en suspension dans l'air peut pénétrer profondément dans les voies respiratoires, pénétrer dans le sang et altérer les organes vitaux. D'ailleurs, le spécialiste certifie que les particules fines issues de la fumée des feux de forêt augmentent jusqu'à 10% les admissions à l'hôpital pour des troubles respiratoires, contre 1% pour les autres sources de particules fines. Le second critère de dangerosité, toujours selon M. Farid Rahal, est relatif au nombre important de types de polluants émis lors des incendies, notamment les métaux lourds qui sont souvent liés aux PM2.5. «Selon des études que nous avons menées concernant les villes d'Alger et Annaba, nous avons constaté que les pics de PM2.5 sont enregistrés normalement pendant la saison d'hiver, particulièrement les mois de Décembre, janvier et février», assure M. Ghazi Sabri. Il s'est avéré, selon le chercheur, que la principale source de PM2.5 à Alger est le trafic routier, alors que pour Annaba l'étude a conclu que l'activité industrielle participe le plus à la dégradation de la qualité de l'air. «Les pics ont été causés par les feux de forêt, ce qui rend la population exposée pendant de longues périodes à une forte concentration de ces polluants», conclut-il. Ce qui amène au troisième critère de dangerosité : L'étalement urbain. De ce fait, la probabilité que ces feux se produisent à proximité d'habitations augmente de manière significative. «Il est clair que les personnes qui sont en première ligne, seront les plus touchés par l'air pollué», soutient M. Farid Rahal, recommandant le port d'un masque de type KN95 ou équivalent afin d'atténuer l'inhalation d'un air pollué dont les effets peuvent aller de l'irritation des yeux aux maladies chroniques. «N'oublions pas que le CO et CO2 sont des gaz inodores et d'une extrême toxicité. Les professionnels de la protection civile sont formés pour y faire face, quant aux bénévoles, ils doivent être sensibilisés et équipés», recommande M. Sabri Ghazi.
Historique «Les premières données sur les incendies de forêt en Algérie datent de 1876», assure M. Farid. Selon lui, l'analyse de ces informations montrent que le pays a connu des épisodes catastrophiques comme par exemple 1993, 1994, 2000, 2007 et 2012. Précisant que la période coloniale a été la plus désastreuse avec une surface cumulée de 3 506 942 ha sur la période allant de 1876 jusqu'à 1962. «Des surfaces allant jusqu'à 200 000 ha/an ont coïncidé avec les périodes des insurrections nationales et de la guerre de libération de l'Algérie», précise-t-il.
En chiffres Selon M. Rahal, en moyenne, les feux de forêt sont responsables de l'émission dans l'atmosphère terrestre de 7,7 Giga tonnes de dioxyde de carbone par an. De son côté, M. Sabri Ghazi assure que plusieurs tonnes de CO2 sont émises en quelques jours en air. D'ailleurs, le chercheur assure qu'une estimation a été faite a conclut que les émissions en CO et CO2 causées par des feux de forêt en quelques mois en Indonésie sont équivalents à ce que dégage la France en 5 ans. Selon lui, cela accentuera certainement le réchauffement climatique. «Il est à noter que de forts feux de forêts à répétition perturbera la résilience des zones affectées et peut résulter en une régénérescence d'une flore moins adaptée et qui absorbe moins d'oxyde de carbone, cela en finalité aggravera le réchauffement climatique», prévient-il. Advertisements