Selon une étude publiée dans le bulletin des énergies renouvelables, les scientifiques s'intéressent de plus en plus à la pollution de l'air par les particules en suspension et leur fine fraction. Ainsi, l'étude indique que de par leur finesse et les interactions qu'elles subissent, ces aérosols particulaires demeurent longtemps dans l'atmosphère et contribuent fortement à la dégradation de la qualité de l'air. Sur le plan sanitaire, les particules fines représentent en milieu urbain un indicateur majeur de la qualité de l'air, précise l'étude. En effet, de nombreuses et cohérentes études leur allouent une forte responsabilité dans l'apparition d'une vaste gamme d'effets biologiques et sanitaires. Ainsi, leur impact sur l'environnement et les nuisances qu'elles engendrent sont en corrélation avec leur granulométrie et leur composition chimique, elle-même liée à leurs sources d'émission. Par conséquent, l'étude préconise d'étudier de plus en plus les PM-10 dont le diamètre est inférieur à 10µm, les PM-2,5. Cette fraction appelée fraction respirable ou fraction alvéolaire contient les particules très fines de diamètre inférieur à 2,5µm qui atteignent les alvéoles des bronches pulmonaires. Dans cette même démarche, ces scientifiques suggèrent d'étendre la classification des particules et de considérer séparément la fraction très fine des particules, les PM-1. Cette classe se correspond avec les particules de diamètre inférieur à 1µm qui échappent en partie à la rétention dans les installations de dépoussiérage et qui se déposent irréversiblement dans les alvéoles du système respiratoire. Les chercheurs affirment que ces particules fines transmettent notamment des imbrûlés et noyaux carbonés provenant de processus de combustion, des particules secondaires issues de la conversion gaz/particules, des éléments minéraux liés à l'érosion des sols et à la remise en suspension des particules déposées ainsi que divers métaux lourds toxiques tels que le Pb, Cu, Ni, Cr, etc, qui contribuent à la toxicité de l'aérosol. Pour autant, les activités du transport contribuent considérablement à la pollution de l'air par les particules. Selon cette étude, le trafic routier représente, en effet, l'une des principales sources émettrices de particules fines en milieu urbain. Ainsi, les véhicules diesel et, à un degré moindre, les véhicules à essence émettent généralement des particules très fines de granulométrie inférieure à 1µm. Par conséquent, plusieurs pays ont récemment révisé les normes existantes ou proposé de nouvelles réglementations. En Algérie, des études récentes ont dévoilé que le Grand Alger est, comme toute grande agglomération urbaine, exposé à une intense pollution atmosphérique. Le trafic routier demeure en effet la principale source d'émission. Vu l'intensification des émissions du trafic routier dans les grandes agglomérations, le secteur des transports constitue en milieu urbain une des principales sources de pollution de l'air par les particules fines. Lorsque les autres activités anthropogéniques (centrales électriques, industries diverses), on peut maîtriser les émissions, la pollution ne cesse d'augmenter sur nos routes malgré les progrès techniques réalisés sur les véhicules et les carburants, précise l'étude. Les facteurs d'émission varient naturellement suivant le type de véhicules, le carburant et l'état du véhicule. Les véhicules à essence émettent 6 à 20 fois moins de particules que les véhicules diesel. A l'échappement, les particules émises sont très fines et montrent un seul mode autour d'un diamètre moyen de 0,1 à 0,2 µm. En outre, l'étude dévoile que des particules émises à l'échappement, la pollution par le trafic routier comprend également les particules provenant de l'usure des routes, des pneus (un pneu perd environ 10% de son poids au cours de sa durée de vie), des plaquettes de frein et du moteur (Fe, Cu, Cr, etc.). Cette source de pollution est très importante. Ainsi, les scientifiques ont choisi la RN N° 5 comme site pour étude, elle constitue un important axe routier qui est fréquenté par plus de 25.000 véhicules/jour dont environ 15% de bus et véhicules lourds diesel. Ils notent que ce site se caractérise par l'absence d'obstacles et se distingue par la présence d'une bonne ventilation naturelle. L'étude des particules fines a été effectuée sur une année à raison de 7 à 8 prélèvements par mois. Les résultats obtenus dévoilent que la pollution de l'air par les particules inhalables (PM-10), les particules respirables (PM-2,5) et les particules très fines (PM-1) est très élevée. La quantité moyenne en PM-10 s'élève à 75,2 µg/m3. Avec une teneur de 36,1 µg/m3, les particules respirables PM-2,5 constituent en masse environ 48% des PM-10. Les scientifiques ont révélé, par ailleurs, que plus du 1/3 des PM-10 est constitué par la fraction très fine des PM-1. Ils ont montré, en outre, qu'il existe des corrélations entre les particules très fines et les particules alvéolaires. Ainsi, l'analyse des métaux lourds Fe, Pb, Cu, Mn, Ni, Co et Cd véhiculés par les aérosols particulaires révèle que les teneurs en plomb atteignent souvent des niveaux supérieurs aux normes en vigueur dans certains pays. L'étude par classe granulométrique montre que les métaux de la croûte terrestre Fe et Mn se trouvent le plus dans la classe granulométrique 3 à 10 µm. Les métaux lourds les plus toxiques Pb et Cd sont, en revanche, distribués majoritairement dans la fraction fine et respirable (3µm). Cette étude a permis d'évaluer pour la première fois en Algérie les niveaux de pollution atteints par les différentes classes granulométriques des particules fines. Avec ces résultats, l'étude a affirmé que l'Algérie présente la particularité d'être un pays qui n'est pas fortement motorisé, mais qui présente, toutefois, une pollution particulaire plus importante que dans les pays développés, où le trafic routier est bien plus intense. L'ampleur de cette pollution est le résultat de la mauvaise combustion d'un parc automobile qui n'est pas fortement diéselisé, mais âgé, mal entretenu, dépourvu quasi-totalement de pots catalytiques et roulant dans sa presque totalité à l'essence plombée. La situation peut être améliorée par des actions telles que le rajeunissement du parc automobile, la généralisation du contrôle technique des véhicules et l'utilisation accrue de la bicarburation GPL/essence, voire le gaz naturel pour les flottes de bus. Une réduction de la pollution nécessite certainement aussi une étude plus approfondie sur les systèmes de transport, impliquant une stratégie et mode de transport appropriés, une fluidité du transport et une mobilité du transport, conclut l'étude.