Plein zoom sur l'association Chograni, versée dans l'humanitaire et qui fait de l'esprit de solidarité et d'entraide sa marque de fabrique. De même que sous d'autres cieux, il existe ce qu'on appelle «les restaurants du cœur», en Algérie, et plus spécifiquement à Oran, il y a «une pharmacie du cœur». Autrement, une pharmacie complètement gratuite, destinée aux personnes à faibles revenus, et qui ne parviennent pas à joindre les deux bouts. Basée au quartier Victor Hugo (dit «Tirigou» pour les intimes), cette pharmacie appartient en fait à l'association Chograni. Son président, Chougrani Serir Bouelami, nous a reçu hier alors qu'il était en compagnie de Mustapha Lahici, un membre actif de cette association versée dans la solidarité. Il faut savoir que l'association Chougrani a été fondée le 24 février1951 par le père de Chougrani Serir Bouelami ainsi ses trois autres frères martyrs, tombés au champ d'honneur pendant la guerre de libération nationale. Il s'agit, tout simplement, de l'une des plus anciennes associations algériennes qui, en plus de venir en aide aux personnes démunies, elle organise des formations au profit des jeunes laissés-pour-compte. Depuis maintenant plus de deux décennies, suivant la loi 90-31, elle a été réactivée après plusieurs années d'arrêt. «Depuis 1997, je préside cette association dans le contexte social surtout, et quand il y a un vide que l'Etat ne peut pas combler, nous essayons d'atténuer les besoins et les attentes des citoyens, ceux de proximité en premier lieu mais par la suite c'est toute la wilaya qui est concernée. Actuellement, nous subvenons aux besoins des citoyens de proximité et nous répondons présents pour apporter notre aide quand il y a des catastrophes, pour lutter contre la crise sanitaire...en bref, notre mission actuellement est de combler les besoins et les attentes», explique le président, qui ajoute que son association s'est longtemps affairée dans l'insertion des jeunes qui étaient évacuées des écoles à l'âge de 14ans pour les aider à s'intégrer dans le monde du travail. Comme dit plus haut, l'association Chougrani est aussi dotée d'une pharmacie gratuite qui a ouvert ses portes depuis l'année 1997. Mustapha Lahici nous donne plus de détails : «La pharmacie gratuite procède au recyclage des médicaments non ou peu utilisés par les ménages ; mais aussi, elle existe grâce aux dons de particuliers ou d'officines privées. On vient de toute la ville et même d'ailleurs pour se munir en médicaments. Avant la pandémie du coronavirus, parmi les personnes qui nous alimentaient se trouvaient la diaspora qui nous ramenait des médicaments que nous commandions, en particulier ceux contre le cancer, qui étaient souvent en rupture de stock». «La particularité, ajoute-t-il, est que nous soustrayons du rebus des médicaments que nous reconditionnons et redistribuons aux personnes qui n'ont pas la carte Chifa en particulier, et des fois même avec la carte Chifa, les gens viennent prendre des médicaments. Elle est fréquentée par les malades chroniques, ceux qui ont un traitement répétitifs (diabétiques, cardiaques, etc) Nous recevons des usagers même en dehors de la wilaya. Nous envoyons aussi des médicaments par colis à des associations se trouvant en dehors d'Oran». Mustapha Lahici explique qu'au début de la pandémie, toutes les activités de formation instiguées par cette association ont été gelées au profit de la campagne de sensibilisation pour la protection contre la Covid-19, la collecte et la remise des médicaments et de consommables pour les hôpitaux. «Nous alimentons en effet les hôpitaux par les excédents de produits que nous avons, notamment le CHU, l'EHU et l'ESH Sid Chami, sans oublier les centres de la Direction de l'action sociale (DAS)». La communauté subsaharienne très peu vaccinée Interrogés sur la question des Subsahariens, et si cette association vient également en aide à cette catégorie de la population qui vit, le plus souvent, dans des conditions difficiles, nos interlocuteurs nous ont appris que pour ce qui est migrants subsahariens, c'est en fait un consortium d'associations, composées de Caritas (l'Eglise d'Oran), Médecins du monde, Femmes algériennes revendiquant leurs droits (Fard) et Chougrani qui s'attèlent à sensibiliser cette frange de la société, en particularité pour ce qui est des problèmes de santé, mais aussi l'accompagnement hospitalier (interventions, accouchements etc.) et enfin l'attributions de médicaments et d'effets vestimentaires et parfois même d'aide alimentaires. «Nous, on ne regarde pas la couleur de la peau, on regarde le besoin», dit-il. Cela dit, questionné sur la campagne de vaccination au profit des subsahariens à Oran, on apprendra que cette-ci est pour les moins cahotante et ce pour diverses raisons. Pour la parenthèse, il faut savoir que les migrants subsahariens établis à Oran habitent en partie le centre-ville, au quartier de Saint-Pierre, à cité Lescure, Saint Charles et cité Perret. A Saint Pierre, c'est surtout la communauté Camerounaise qui s'y trouve, qui est, nous explique-t-on, «très structurée, hiérarchisée et qui a mis en place un système de solidarité interne». Ils on été sensibilisés par l'association Chougrani pendant 3 semaines, au même titre que les migrants habitant d'autres quartiers de la ville, comme à Aïn El Beida, El Hassi ou à Coca et certains, très peu nombreux, se sont bel et bien présentés dans les centres de vaccination, notamment le dispensaire Bendaoued (près de la place Roux, Mdin Jdida) et ils ont reçu leur première puis leur seconde dose. «Par contre, ajoute Mustapha Lahici, dans les autres centres, à notre connaissance, il n'y a pas eu de migrants vaccinés», avant d'expliquer que beaucoup ne se rendent pas aux unités de vaccination ni plus ni moins que par peur de se faire arrêter par la police puis, le cas échéant, expulser du territoire. «Le nombre de migrants vaccinés est très faible, pratiquement dérisoire», reconnaît Mustapha Lahici. Enfin, il faut noter qu'une bonne partie des migrants n'ont pas voulu se faire vacciner, soit par peur du vaccin, soit de peur d'être rejeté (ce qui serait un cas de ségrégation et de facto passible de poursuites judiciaires) ou arrêté par la police, mais encore, certains d'entre eux, qui ambitionnent de quitter l'Algérie au profit de l'Europe, refusent tout simplement de se faire vacciner par le Sinovac, un vaccin, soit dit en passant, non reconnu par plusieurs pays européens. Advertisements