Pas loin de la Porte Caracalla, vestige emblématique de l'antique Thevest (Tébessa aujourd'hui), et à l'est des remparts de la ville se trouve l'une des plus grandes basiliques romaines d'Afrique, la basilique Sainte Crispine. Un somptueux site archéologique d'une extrême beauté qui s'impose aux visiteurs de Tébessa comme témoin de l'histoire d'une femme rebelle, persécutée puis martyrisée par un proconsul romain en l'an 304 de notre ère, la Sainte Crispine. Le site est décrit comme étant l'un de plus beaux spécimens de l'architecture religieuse en Afrique par l'historien français René Cagnat (1852-1937) spécialiste d'épigraphie latine et de l'histoire de l'Afrique romaine. L'ouvrage monumental fut édifié en 313 sur le lieu où Crispina ou Crispine de Thagare en français, une femme berbère fut décapitée par les Romains. D'après Auguste d'Hippone (Saint Augustin), c'est lors de la persécution de Dioclétien, un décret parut en 304 prescrivant à tous les habitants de «sacrifier et faire des libations aux dieux romains», sous peine de mort en cas de refus. Crispine, une femme mariée et mère de plusieurs enfants issue d'une famille sénatoriale est native de Thagurate (en berbère) ou Thagare (Thacora, Thagura) aujourd'hui Taoura dans la wilaya de Souk Ahras (ancienne Thagaste) fut arrêtée et interrogée par le proconsul Caius Annius Anullinus. Celui-ci lui demanda de sacrifier aux dieux romains. Elle lui répondit : «Je n'ai jamais sacrifié et je ne sacrifierai pas et si je dois le faire, c'est au Dieu unique et vrai et à notre Seigneur Jésus-Christ, son Fils, qui est né et a souffert». Le proconsul s'emporta et lui intima l'ordre de sacrifier à ses dieux mais elle refusa. Furieux, le proconsul la condamna à mort. Elle sera décapitée par l'épée le 5 décembre 304. Depuis elle fut fêtée avec d'autres martyrs de la même ville le 5 décembre de chaque année par l'Eglise catholique. Neuf ans après, une basilique baptisée en son nom fut construite et lui fut dédiée pour honorer son martyre. Une basilique composée d'un grand porche qui s'ouvre après un narthex et donne sur un atrium qui fait toute la largeur du bâtiment. Un atrium qui possède une colonnade double alternant piliers carrés et cylindriques et un point d'eau en son centre. Dans cet atrium furent aussi découvertes des pierres de réemploi, des murs et des colonnes de monuments romains. La nef a onze arches et deux bas-côtés et un maître autel légèrement surélevé. Mais ce qui la rend unique en Afrique et au monde ce sont ses écuries. En effet, la basilique Sainte Crispine demeure l'unique édifice religieux en Afrique où l'on eut construit des écuries. Pour rappel, la ville de Tébessa compte plus de 60% des sites archéologiques antiques d'Algérie. Derrière chaque vestige se cache une histoire. Malheureusement, ces vestiges n'ont jamais été valorisés pour devenir des sites d'attraction créateurs de richesses et contribuant au développement de l'économie alternative. Advertisements