L'université Mohamed Khider de Biskra a abrité ce jeudi une rencontre internationale sur « La jurisprudence en matière de droit administratif », la 3e du genre à être organisée par la faculté de droit et des sciences politiques. Devant un parterre composé d'étudiants, de professeurs et de spécialistes égyptiens, libyens, tunisiens et algériens, le recteur, dans son intervention, a souligné qu'« en ces temps de globalisation, au lieu de se contenter à appliquer à des cas particuliers, la lettre de la loi, la jurisprudence en matière de droit administratif est appelée à faire preuve d'initiatives courageuses ». Au cours des débats très vifs qui clôturaient chaque séance, un participant posa la question suivante : « Puisque la plupart des thèmes abordés par les conférenciers se réfèrent à la jurisprudence française en matière de droit administratif, pourquoi n'a-t-on pas invité des juristes français à cette rencontre qui se dit internationale ? » et mal lui en prit. Le président de cette séance au lieu de répondre poliment, fit le commentaire acerbe suivant malheureusement applaudi par une partie de la salle : « Chez nous, bien que le colonialisme ait quitté depuis longtemps le territoire, il demeure dans l'esprit de certains de nos compatriotes. » A la reprise, le docteur M. Bouabdallah, natif de Biskra et professeur de droit à l'université de Constantine, est revenu sur l'impair commis par son collègue et précisa que, pour sa part, il considère que le colonialisme a définitivement quitté aussi bien le territoire que l'esprit des Algériens, ouverts aux apports scientifiques d'où qu'ils viennent, et ajouté en français, n'en déplaise aux tenants du monolinguisme, qu'« aujourd'hui, on ne peut plus se passer de la jurisprudence aussi bien que des lois ». Au départ le mot jurisprudence signifiait pour les Romains : science, science du droit, une science empreinte de sagesse ! alors qu'en France, à l'époque révolutionnaire, le droit se devait d'être écrit tout entier dans la loi. Cependant les rédacteurs du code Napoléon comprirent très vite l'utilité « d'une jurisprudence des tribunaux » et expliquèrent sa fonction. Quant au professeur O. Bouraoui, membre du conseil d'Etat, il fit une brillante incursion dans les arcanes des contentieux administratifs relatifs aux différents domaines de la propriété foncière publique et privée et illustra son propos de cas de jurisprudences administratives que le Conseil d'Etat a eu à examiner.