C'est une question qui obsède les penseurs depuis des centaines d'années, si notre enfant est un vendeur de drogue, est-ce de notre faute ? Dans quelle mesure l'éducation et les valeurs des parents sont-elles transmissibles ? A la fin du XIXe siècle, John Watson avait réglé le problème par le behaviourisme, ou comportementalisme, s'opposant au structuralisme de Wundt sur le conditionnement des enfants, simple matière première pour Watson aux mains de leurs parents à transformer. Bien sûr, Ibn Khaldoun avait déjà formulé une théorie de l'éducation au XIVe siècle sur un modèle sociologique, «nous ne sommes que les enfants de nos habitudes», allant plus loin en expliquant les sentiments de groupe qu'il nomme «3assabiya», de la même racine que «3issaba», terme péjoratif qui explique comment le RND vient d'accuser l'ANIE de falsifier les résultats des élections, lui le champion mondial catégorie poids lourds de la fraude électorale. Mais pour en revenir à Watson, il a bien expliqué comment avec «une douzaine d'enfants en bonne santé et de bonne constitution et un monde bien à moi pour les élever», il garantissait d'en faire «des experts en n'importe quel domaine de mon choix, un médecin, un avocat, marchand, patron et même mendiant ou voleur». C'est évidemment cette dernière fonction qui nous intéresse, comment un fils de ministre, général ou Président peut-il devenir un délinquant ? Est-ce la faute à son éducation ? Y a-t-il complicité consciente ou inconsciente du père dans les dérives du fils ? Car les «enfants de» sont nombreux en Algérie, mathématiquement beaucoup plus que leurs pères, et défraient régulièrement la chronique, protégés, défendus ou pardonnés mais rarement subissant le même sort qu'un simple enfant du peuple. Si Ibn Khaldoun était vivant et en Algérie, il aurait tenté d'expliquer comment remplacer une 3issaba par une autre avec une simple opération de transfert sociologique des privilèges de caste. Et il serait d'ailleurs probablement en prison. Advertisements