La prise en charge du contentieux Sonelgaz résumée dans l'une des six incidences autour desquelles a eu lieu le dernier round de dialogue en janvier dernier entre le gouvernement et des représentants du mouvement citoyen n'est pas effective en Kabylie. Du moins à Béjaïa où la direction de la société chargée de la distribution de l'électricité et de gaz n'a pas été instruite sur le sujet par sa tutelle. Ne pouvant, bien sûr, se référer aux déclarations du porte-parole de la délégation des archs, Sonelgaz ne s'en tient qu'aux correspondances officielles. Trois mois après la signature du protocole d'accord, le 15 janvier dernier, aucun texte d'application n'a suivi. Les redevances portées sur les premières factures de l'année en cours sont trop chargées pour avoir inclus les consommations de l'année dernière et certains s'en plaignent. L'entreprise a facturé aux abonnés les consommations entières au même moment que ses responsables disent être en situation de stand-by. De nombreux abonnés rechignent au moment de l'acquittement de leurs redevances pour la raison que l'administration n'a pas tiré un trait sur les dernières consommations de l'énergie électrique de 2004, date à partir de laquelle les comptes devraient être remis à zéro. C'est ce qui ressort du dernier accord conclu entre le gouvernement et le mouvement des archs dans le cadre de la prise en charge des « incidences » des événements de Kabylie. Les archs avaient appelé, dans le sillage de ces événements, à ne pas payer les factures d'électricité tant que la quote-part revenant à l'ENTV y figure. Les « excuses » présentées au début de l'année par le PDG de l'ENTV ont amené le porte-parole des archs, M. Abrika, à annoncer la fin de ce mot d'ordre. Satisfaite une première fois en janvier 2004, l'incidence a été actualisée une année plus tard en incluant les impayés de l'exercice 2004. Restait alors à répondre à la question de savoir comment Sonelgaz s'y prendra pour la relève sur une période plus ou moins courte de l'index de consommation sur quelque 204 000 compteurs. « Nous n'avons pas les moyens de le faire », nous explique A. Ikhlef, directeur de Sonelgaz-Béjaïa. Un problème d'ordre technique contourné par la facturation au forfait. Ainsi, chaque abonné devra disposer automatiquement d'une facture forfaitaire au niveau des agences Sonelgaz. Mais on n'en est pas là puisque aucune facture n'a été transférée à la tutelle. La seule instruction dont a été destinataire la direction de Béjaïa est celle relative à l'interdiction de couper le courant aux abonnés redevables. Les pouvoirs publics semblent temporiser. « On nous fait payer une consommation que le chef du gouvernement en personne a pris solennellement sur le compte du Trésor public. À quoi joue au juste Sonelgaz ? », se plaignent des pères de famille. Les responsables de cette société ont expliqué, lors d'une émission de la radio locale, avoir gelé les dernières facturations, « le temps de voir clair », au moment où le nouveau round de dialogue Pouvoir-archs se déroulait. La temporisation n'est pas innocente, aux yeux de certains abonnés, qui n'ont pas reçu de factures pendant ce temps-là ni la visite des agents chargés de relever l'index de consommation sur compteurs. Des cas rares ? « Le calcul des impayés s'est fait sur les seules factures non honorées, ceux qui ne les ont pas reçues ne sont pas concernés par le règlement du contentieux », est-il expliqué aux abonnés. C'est la même logique qui présidera vraisemblablement au calcul des nouveaux impayés à facturer à l'Etat pour l'année en cours si le texte d'application vient à exister. Avant son actualisation, la créance de Sonelgaz prise en charge dans le cadre de la concrétisation des accords gouvernement-archs s'est élevée à 850 millions de dinars.