Le siège de l'APC d'Arzew a abrité, hier, une journée d'étude autour du thème : « Pollution atmosphérique et marine ». Au-delà du constat, les communications programmées ont été, de l'avis de nombreux participants, institutionnelles au plus haut point. En effet, les communicants n'ont à aucun moment ciblé les pollueurs ni identifié clairement les sources de pollution, encore moins les taux de pollution atteints et leurs incidences sur la santé de la population et de la faune marine. Ceci étant dit, l'importance du trafic portuaire est impressionnante, tant les bateaux de pêche (tous types confondus) et les méthaniers spécialisés dans le transport des hydrocarbures (en moyenne trois à quatre par jour) font d'incessants va-et-vient. Il est tout aussi indéniable que cette activité est génératrice d'une importante source d'emplois. Cependant, l'activité des uns (la production et le transport des hydrocarbures) influe négativement sur celle des autres (marins-pêcheurs). En effet, l'activité de pêche se fait, de l'avis de nombreux professionnels, marins-pêcheurs, armateurs, etc., de plus en plus difficile et surtout de moins en moins rentable. Cette situation est liée directement à la pollution marine. Aujourd'hui, les chalutiers et autres sardiniers sont obligés d'aller de plus en plus loin pour chercher le poisson. Conséquences multiples Il est évident que la superficie couverte par la mer a longtemps fait croire en des ressources infinies en poissons. Mais, au rythme actuel des prises, la surcapacité des flottilles et la dégradation des ressources halieutiques constituent une préoccupation dont l'enjeu est tout simplement la survie. Celle des poissons et surtout celle des pêcheurs. La baisse fulgurante de la production, qui est passée de 11 396 tonnes en 1988 pour 47 unités de pêche, à 3 239 t en 1998, pour, finalement, passer, en 2 000, avec 84 unités de pêche, à 5 061 t, découle incontestablement des effets de la pollution accrue du milieu marin. Les conséquences directes ou indirectes de la pollution et de la dégradation de l'environnement sont nombreuses. Le secteur de la pêche semble le plus menacé par ce phénomène qui prend de l'ampleur. La baisse de production représente près des 3/4 en une décennie, ce qui reflète en lui-même l'importance de la détérioration du milieu marin par les rejets intempestifs des agents polluants provenant de tout le littoral. Quotidiennement, plus de 100 000 m3/jour d'eaux usées (ménagères et industrielles) sont déversées directement dans la mer, sans aucun traitement préalable. S'ajoutent à cela les rejets industriels qui proviennent de la zone industrielle, avoisinant les 3 000 m3/jour et contenant des résidus pétrochimiques. Les côtes et les eaux marines de la région sont constamment agressées par des agents polluants de tous genres. Les conséquences de telles pratiques sont ressenties du fait de la multiplication anormale des algues et de la rareté des poissons. Pour rappel, plusieurs bateaux transportant des hydrocarbures ont connu des sinistres assez importants au niveau du port ou de la côte d'Arzew. On citera à titre d'exemples, en 1970, une explosion suivie d'un incendie à bord du pétrolier « Erressos » amarré au poste de chargement Sea-line. En 1976, il a été enregistré l'échouage du pétrolier « Hélène de Conway » sur les récifs de la Madrague. La déchirure de sa coque a laissé déverser une quantité très importante de sa cargaison, polluant ainsi tout le littoral. En 1980, la tempête exceptionnelle enregistrée dans la région a détruit plusieurs ouvrages, dont le brise-lames du port d'Arzew El Djedid et le pipe 40 de brut et condensât. Au cours de cette tempête, deux pétroliers, le « Kapta » et le « Juan la Valeja », lors de leur échouage, ont déversé environ 40.000 t de condensât. Un interlocuteur très au fait nous confiera que, « souvent, des opérations spéciales, tels que le dégazage, la mise à froid et la réparation, ont lieu à quai. En l'absence de station spécialisée, le dégazage est autorisé à quai sous réserve des mesures suivantes : contrôle permanent de l'atmosphère environnante, du pique d'incendie, d'arrêt de l'opération en cas d'orage et d'autres mesures de sécurité en usage dans des zones à hydrocarbures. » En tout état de cause, la baie d'Arzew est devenue, par la force des choses et l'inconscience de certains, une poubelle à ciel ouvert. Un spécialiste en biologie marine nous confiera que « cet état de fait porte préjudice à la vie animale et végétale dans l'eau, car les résidus toxiques conduisent à la formation de vases réductrices, toxiques pour les plantes et les animaux marins, d'où le constat incontestable de la rareté du poisson aux abords de la baie d'Arzew. » Ce constat a d'ailleurs été confirmé en février 2004 par l'étude d'impact effectuée par un laboratoire d'études maritimes dont les conclusions attestent formellement que « la faune marine dans le golfe d'Arzew est en état de déséquilibre à cause des sources de pollution tout au long du littoral provenant des rejets toxiques de la zone industrielle. »